Page 97 - VH Magazine N°114 - Novembre 2012
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« Là-bas, au cours des trois
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                                                                                                   de tout : de la peinture, de la
                                                                                                   sculpture, de la photographie,
                                                                                                   de la céramique… J’adorais
                                                                                                   la soudure : j’ai toujours aimé
                                                                                                   toucher les matières, les travailler.
                                                                                                   Pour moi, il faut que quand on
                                                                                                   touche une toile, ça vous rentre
                                                                                                   dans les veines. » Surtout, elle
                                                                                                   a comme professeur l'artiste
                                                                                                   polonaise Anna Draus-Hafi d,
                                                                                                   qui lui transmet sa passion pour
                                                                                                   la tapisserie moderne. « Les
                                                                                                   Polonais sont très forts dans
                                                                                                   ce domaine. Elle avait un talent
                                                                                                   exceptionnel, avec un choix de
                                                                                                   couleurs, du relief, différentes
                                                                                                   matières… Elle avait remarqué
                                                                                                   que j’étais douée dans cette
                                                                                                   branche et elle m’a conseillé
                                                                                                   de la suivre. » Wafaa écoute ce
                                                                                                   conseil et, pendant quinze ans, se
                                                                                                   consacrera à cet art.
                                                                                                   Sa première exposition à lieu à
                                                                                                   Casablanca, dans la Galerie 88,
                                                                                                   sur le boulevard Mohamed-V. « Je
                                                                                                   l’ai faite juste après avoir eu mon
                                                                                                   fi ls, raconte-t-elle. J’avais appelé
                                                                                                   Melihi et sa première épouse, qui
                                                                                                   était italienne, pour qu’ils me disent
                                                                                                   si mon travail valait la peine d’être
                                                                                                   exposé. A l’époque, ça se passait
                                                                                                   ainsi. Ils ont été emballés. » Elle est
                                                                                                   ensuite sélectionnée pour participer
                                                                                                   aux Jeux de la Francophonie, en
                                                                                                   1989, à Rabat. « On avait travaillé
                                                                                                   dans des ateliers aux Oudayas.
                                                                                                   Les artisans nous avaient prêté
                                                                                                   leur salle. C’était magique, l’un
                                                                                                   des événements qui m’a le plus
                                                                                                   marquée », dit-elle. Dans les
                                                                                                   années qui suivent, elle multiplie
                                                                                                   les festivals à travers le monde :
                                                                                                   Maharès, en Tunisie, Washington
                                                                                                   DC, Charlotte et Asheville, aux
                                                                                                   Etats-Unis, l’Alabama… « Celui de
                                                                                                   Maharès, qui est petite une ville de
                                                                                                   pêcheurs, est un autre de mes très
                                                                                                   bons souvenirs, raconte Wafaa. J’ai
                                                                                                   fait de la récupération dans le port,
                                                                                                   dont des morceaux de barques
                                                                                                   en demi-cercles. C’est avec cela
                                                                                                   que j’ai construit mon métier à

                                                                                                   tisser. J’ai pris des filets de pêche,
                                                                                                   des coquillages, la très belle laine
                                                                                                   naturelle tunisienne… et c’est ainsi
                                                                                                   que j’ai réalisé ma tapisserie. »



                                                                                            Novembre   2012    VH magazine   107
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