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VH EXPRESS  I I  Ma life

                RÉDA DALIL, LES                         7      TUBES DE MA VIE


                Nous lui mettons le grappin dessus à l’Opéra café, et ça tombe bien, nous sommes venus lui parler de musique. On sait de Réda Dalil qu’il vient de publier un roman,
                Le Job, (éditions Le Fennec 2014) dans lequel il décrit les déboires d’un chômeur multi-diplômé. Ce qu’on ne savait pas en revanche, c’est que ce journaliste,
                rédacteur en chef du Magazine Le Temps, taquine la guitare depuis l’adolescence. La preuve, en s’extasiant sur ses chansons fétiches, il vocalise les solos et exécute
                les rythmiques à l’air guitare. Retour sur les 7 tubes préférés d’un auteur éperdument, follement épris des sweet sixties.    PAR OMAR MRANI



                George Harisson                                                      de leurs studios de SavileRow en 1969. Sinon,
                                                                                     pour la plonge, faudra repasser !
                MY SWEET LORD                     BENNY AND THE
                Dans le swinging London des sixties, à côté                 JETS        Oasis
                des monstres sacrés que sont Lennon       ME
                et Mccartney, un petit gars teigneux,   OASIS LIVE FOREVER                LIVE FOREVER
                chétif et effacé, essaye tant bien que   JOHN  INTO  BAND          JOHN    A seize ans, lorsqu’on a défi nitivement
                mal de se faire une place au soleil.           GEORGE HARISSON              loupé la Beatlemania, on se rabat sur
                Eternel outsider, c’est devenu mon   DOWN     JIMI HENDRIXCASTLES            ce qui reste, Oasis. Groupe autopro-
                Beatle préféré. Peut-être parce   CRASH MATHEWS                               clamé « Best of the world», Oasis
                                                                                 JOHN
                qu’à l’époque je bossais comme                                          MA    a conjugué le bon et le mauvais
                un forcené sur ma gratte et que   ELTON                        ELTON          pendant une décennie. Mais bon
                George faisait sonner la sienne                                               dieu ce qu’ils ont enfourné comme
                comme personne. Le solo milli-  ME  DAVE                             MAYER  YER  hits à trois accords en 1994., avec
                métrique de « A hard day’s night»   BAND                        JOHN  MADE    le vrai Chef-d’œuvre des frères
                exécuté sur une Rickenbacker                                                  Gallagher ( inégalé à ce jour) : « Live
                12 cordes, c’est lui. Le riff envoû-  LET  OASIS                             forever ». « You and I are gonna live
                tant de «  I feel fi ne » avec effet   LORD                  BEATLES JIMI HENDRIX  SAND DAVE MATHEWS  THE  OF  forever» disaient-ils. Ah ces jeunes !
                larsen c’est encore lui. Bref, juste                                NEON    Si fl eur bleue.
                après l’implosion du groupe en 1970,     DON’T                          GEORGE
                George rassemble toutes ses chansons                                      Jimi Hendrix
                boudées par le duo royal ( L&M) et sort   SWEET              THE BEATLES  CASTLES MADE OF SAND
                un triple album magique : «  All things must                    HARISSON MY

                pass ». Avec, à l’intérieur une petite perle qui fera                Les paroles évoquent un univers Sci/fi se situant
                date : « MySweet Lord. » Du pur génie.                               entre un roman de Maurice G. Dantec et l’épisode
                                                                                     «The Children» de «Game of thrones». Une gamine

                Elton John                         tions acid-jazz afin de convertir une génération de   clouée à sa chaise roulante s’apprête à se jeter du
                                                   teenagers écervelés à de la vrai zik’. Dans Neon,
                                                                                     haut d’un précipice lorsqu’elle aperçoit un vaisseau
                BENNY AND THE JETS                 morceau injouable, Mayer déroute les guitaristes   spatiale irradiant un arc-en-ciel de lumières. C’est
                Avant de commettre les ignobles bluettes que   les plus accomplis. J’en ai passé des heures à   au beau milieu d’un trip au LSD que Jimi compose
                sont «Can you feel the love tonight» et «The circle   tenter de reproduire sa rythmique ensorcelante,   les paroles des Châteaux de sable. Et c’est sur
                of life». Bien avant d’avoir réactivé sa carrière   sans succès bien entendu.   une cassette Cadic usée jusqu’à la moelle que je

                grâce au  poids lourd «Sacrifice» numéro 1 incon-                     continue, à ce jour, de me farcir cette intro’ de folie.
                testable des musiques de cafés et d’ascenseurs,   The Beatles        Sans jamais arriver à la jouer. (sic)
                Sir Elton, la vingtaine emperle les petites pépites.
                Benny and the jets en est une. Avec une intro  DON’T LET ME DOWN     Dave Mathews Band
                de légende, une rythmique piano rappelant le   En l’an 2000, j’ai 20 ans et je beugue un peu.
                «Tchouktchouk» d’un train de marchandises traver-  Etudes harassantes, crise d’adolescence tardive,   CRASH INTO ME
                sant le sud américain à toute allure et un Falsetto   syndrome de persécution….Bref, la totale. On   Années fac ( 1997-2001), MCM et ViVA nous
                de castrat, ce tube largement oublié, a installé le   m’envoie me refaire une santé en Floride. A Saint   abreuvent d’une pop formatée, indigeste et, le
                bien nommé Réginald Dwight au sommet de la   Petersburg précisément où un oncle gère un   plus souvent, matinée de solos Rap nunuches.
                hiérarchie musicale Britannique.   petit resto’. L’idée était que je fasse de la plonge   Autrement dit, à l’époque maudite des téléchar-
                                                   pour mon argent de poche. Petit apprentis-  gements éternels(deux jours en moyenne), les
                                                   sage expresse de la vie quoi !  Premier jour en   chaînes musicales régnaient en maîtresses abso-
                John Mayer                         Amérique, je fais une ballade dans le mall et   lues sur nos goûts de Chi***. Jusqu’au jour où me
                NEON                               Patataras, je tombe sur le triple album Anthology   prélassant à la cafète du bahut, j’entends un air
                Immense star aux States mais illustre inconnu   des Beatles. Mon oncle cuisto ne me reverra   qui me scotche. C’est une étudiante d’échange

                partout ailleurs, John Mayer n’est pas un chanteur   plus. Dans la foulée j’achète une vielle gratte   américaine (débarquée du fin fond du Montana)

                à minettes. Enfin, pas tout à fait. Le gus a du plomb   acoustique à 18 dollars. Je passe mes journées   qui balance un pur son d’une chaîne Hifi portative

                dans la cervelle. Etape 1: je secoue les charts avec   à essayer de reproduire les chansons du Fab   250 watts. Je demande qui c’est ? Dave Mathews.
                une guimauve : « Your body is a wonderland».   Four à l’oreille. Très vite, c’est DLMD qui hante   Depuis, je ne suis pas loin d’être accro aux mélo-
                Etape 2 : je séduis une demi douzaine de starlettes   mes pensées. Rock lancinant, répétitif, limite   pées de ce Sud-africain un peu débraillé mais
                histoire de faire saliver les tabloïds. Etape 3 : je me   barbant, cette chanson a la particularité d’avoir   avec une dose pachydermique de virtuosité aux
                lance dans le blues satanique et les expérimenta-  été le dernier Live des Beatles, joué sur le toit   bouts des doigts.

                  4   VH magazine   Juillet   2014
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