Page 3 - VH Magazine N°151 - Juillet 2016
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LIBRE DANS SON CORPS,
LIBRE DANS SON ESPRIT
Les Marocains et la sexualité. Quelqu’un dirait que c’est
un mystère enveloppé dans un secret, le tout empaqueté
dans une devinette. Mais jusqu’à quand allons-nous
détourner les yeux, agir et parler de manière hypocrite à chaque fois
qu’il est question de sexe ? Sujet tabou ? Pas du tout. Le sexe fait partie
intégrante de la vie de tous les Marocains. C’est même pour plusieurs
analystes la préoccupation majeure de nos concitoyens. Pourtant, une
chape de plomb plane sur nos têtes à tous à chaque fois qu’il faut
revenir sur nos rapports au corps, sur nos désirs, les fantasmes de
chacun, les inclinations des uns et des autres, l’amour, la passion,
l’érotisme. Quand on parle ici de débat sur la liberté sexuelle des
Marocains et qu’on pose des questions cruciales pour apporter des
réponses, il ne s’agit pas de confondre liberté et permissivité. Il est
question de savoir comment les Marocains vivent leur sexualité,
pourquoi tant d’interdits et de dissimulations, pourquoi tant d’hypo-
crisie et de discours détournés alors que tout le monde sait que les
Marocains sont très portés sur le sexe.
Il est clair pour nous qu’un peuple bien dans son corps, l’est aussi dans
son esprit. Vivre pleinement ses désirs dans le respect des autres nous
semble tout naturel. Forcer la nature à agir à l’encontre des désirs des
humains, c’est prendre le risque de tant de dérapages : pédophilie, viols,
agressions sexuelles, violences… Et l’actualité de notre pays est toujours
émaillée de faits divers de ce type où le sexe mène à des crimes. Dans
ce numéro de VH, nous avons donné la parole à des spécialistes et à des
acteurs de la vie à la Marocaine comme vous et moi, pour toucher du doigt
ce qui va et ce qui devrait aller mieux. Le sexe est l’équilibre, nous disent
les psychothérapeutes. Le sexe est un désir impérieux, nous assurent les
sexologues. Le sexe peut être un ciment social, affirment les sociologues.
Aujourd’hui, plus que jamais, dans un Maroc en grande mutation, il est
grand temps de parler avec franchise de cette problématique. De poser
les bonnes questions, de savoir pourquoi sommes-nous si frileux devant
tout ce qui touche au corps et aux plaisirs. Il est aussi grand temps d’en
finir avec l’hypocrisie ambiante et de nommer les choses
par leurs noms : Les Marocains aiment le sexe et ce n’est
pas un crime. Amen.
Photo montage réalisé par
VH magazine PAR RAFIK KAMAL LAHLOU