Page 50 - VH Magazine N°151 - Juillet 2016
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D O S SIER I I L es Mar
DOSSIER I I Les Marocains & le sexeocains & le sexe
LE SEXE N’EST NI SALE, NI INTERDIT NI
DÉGRADANT. NON, C’EST L’EXPRESSION DE
LA NATURE HUMAINE, DE L’ESSENCE MÊME
DE QUI NOUS SOMMES.
C’est fou comme certains d’entre nous, beau- raient même avec des mineurs, et viennent rôle : ils ont le beurre, l’argent du beurre
coup trop nombreux, veulent se rincer les faire la fine bouche, les âmes sensibles en et les fesses de la crémière et accusent
yeux et se pourlécher les babines devant des parfait déphasage avec leurs comporte- les autres, tous les autres de vouloir faire
films pornos sur le net ou sur des chaines ments. Cela porte un nom : Schizophrénie. pareil. Le fond du problème est là. Le sexe
non cryptées. Ils sont prêts à payer pour aller Franchement, c’est du délire patenté. On n’est ni sale, ni interdit, ni dégradant. Non,
voir un pseudo film rose version Los Angeles, se paie des cautions morales sur le dos c’est l’expression de la nature humaine, de
le genre série B naze et débile pour êtres des autres, voilà ce que c’est. On se fout l’essence même de qui nous sommes. Et
humains en mal de sexe, pour frustrés de de la gueule du monde. C’est de la lâcheté quand on parle ici de liberté sexuelle, on
la braguette ! Et quand un Marocain veut
parler de sexe ouvertement, monter une
exposition sur le corps et la nudité, le sexe ET QUAND UN MAROCAIN VEUT PARLER DE SEXE OUVERTEMENT, MONTER UNE
et l’érotisme, quand le cinéma se penche sur EXPOSITION SUR LE CORPS ET LA NUDITÉ, LE SEXE ET L’ÉROTISME, QUAND LE CINÉMA SE
le sujet où la photographie en fait le sujet de
son objectif, il faut crier au scandale. Que l’on PENCHE SUR LE SUJET OÙ LA PHOTOGRAPHIE EN FAIT LE SUJET DE SON OBJECTIF, IL FAUT
nous explique cette aberration mentale qui CRIER AU SCANDALE.
relève de la psychiatrie la plus évidente ? On
ne demande qu’à comprendre.
mâtinée à de la crasse dans les méninges. ne parle pas de permissivité. On ouvre le
DÉPHASAGES COLLECTIFS Le tout estampillé à la sauce dogmatique à la débat, on pose des questions, on essaie
Presque tout le monde, exceptés quelques mords-moi-le-nœud. Voilà ce que c’est. Et il d’apporter des éléments de réponses
illuminés qui n’abdiquent pas, joue aux est temps de le dire, parce qu’il y en a assez responsables, dans la bouche de spécial-
offusqués et aux choqués, face à une chan- de ce marasme nauséabond qui ronge la istes, qui étudient de très près la sexualité
teuse en petite culotte, face à une scène hard société à coups de haine et de poison distillé des Marocains et ce qu’elle peut engendrer
dans un film, face à une toile avec des corps au compte goutte, et parfois au débit d’un comme frustrations, dérapages, déviances,
nus, face à des textes érotiques ou salaces, barrage détraqué. C’est cela la triste réalité comportements agressifs, actes violents
face à des dessins sur le sexe… Pourtant de tous ceux qui parlent trop et ne font rien. et crimes irréversibles. Sans oublier tout
dans beaucoup de films étrangers, on a les Et se sentent investis d’une mission divine le profond impact sur l’épanouissement
mêmes scènes, voire plus hardcore. Si ça pour donner des leçons à tous les Maro- individuel, sur l’affirmation de soi, la confi -
se trouve, ces mêmes humiliés et offensés cains sur leurs corps, leur sexualité, leurs ance, le bien-être et le bonheur d’être un
d’un nouveau genre, courent les prostituées, désirs et leurs fantasmes. Tous les adeptes être humain, homme et femme, comblé
picolent sans arrêt, tabassent des femmes, du Tag, des Like et des commentaires sur vivant pleinement ses désirs et ses envies
se jointent à longueur de journée pour une page bleue, derrière un clavier, à l’abri sexuels dans le respect absolu de la société
contenir leur rage, et font pire… Ils baise- sans jamais se mouiller, ont toujours le bon et de ses règles.
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