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VH EXPRESS I I News

LE MAROC FACE À

SES TABOUS

TAHAR BENJELLOUN ET LEILA SLIMANI, LES DEUX GONCOURT
MAROCAINS SE SONT PRÊTÉS AU JEU D’UNE INTERVIEW CROISÉE
MENÉE PAR VALÉRIE TRIERWEILER POUR LE MAGAZINE PARIS
MATCH. VOICI QUELQUES EXTRAITS

«Nous sommes des personnes libres et fatiguées par les
tartuferies, l’hypocrisie et le politiquement correct»
«La classe politique manque surtout de courage. A
quelques exceptions près, elle considère qu’elle a trop à
perdre».

«Ne pas pouvoir vivre une histoire amoureuse est
une humiliation. La Marocaine ne pourra pas être
une citoyenne à part entière tant que son corps ne lui
appartiendra pas, tant que cette question de la virginité ne
sera pas réglée».

«Il existe au Maroc une frange très conservatrice de la

société, influencée par l’islam radical. La société avance,
mais pas l’institution ni la loi qui condamnent au mensonge
et au silence. Les jeunes vont chercher leur éducation
«Ce qui me fait horreur, c’est d’entendre des femmes sexuelle sur Internet avec la pornographie. Quelle image
prendre la défense de lois iniques contre leurs propres donne-t-on de l’érotisme et de l’amour? La seule règle est le
intérêts. et libertés. Ça, c’est inquiétant, certaines consentement entre adultes. La femme n’est pas un objet
femmes ne sont pas libérées, elles sont même dans sexuel».
la résignation. Mais le Maroc est une société en Leila Slimani.
mouvement. La classe
politique a manqué
à son devoir, elle a
manqué d’initiative. Nous
sommes le pays arabe
qui déteint le triste record
d’analphabètes».

«Il y a quand même des
signes encourageants,
une société civile active,
des collectifs de femmes
qui agissent. Quand
les choses sont trop

étouffées, elles fi nissent
par éclater»
Tahar Benjelloun

VH magazine Octobre 2017