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et lui donner du corps. Et celle-ci vogue, simple, machin-chose, à défaut de boxer
court, enfle et entache tout et finit par coller dans la même catégorie que certains, tu
à la peau des cibles comme une malédiction, rampes comme une limace et tu nous écla-
servie par un chaman fou, concoctée par un bousses avec ta bile visqueuse. Tu donnes
sorcier minable et sans règles, mijotée par dans le boniment. Tu fraies avec la fange. Et
un illuminé crasseux à la ciboulette détra- tu idolâtres les minus de ton espèce.
quée. Et c’est là que tu trinques, mon pote. Que l’on soit clair, chère lectrice, cher
Comme on dit chez nous, et la phrase prend lecteur, vous avez déjà vécu tout ce dont je
ici tout son sens : «Tu ne sais jamais d’où tu parle. Au moins une fois. Vous avez été face
reçois le coup !». Tu auras beau chercher, te à la ringardise d’une copine qui vous envie
creuser les méninges pour démêler le trop votre contour du visage. Un ami qui tremble
plein de faux pour apercevoir un filet de vrai, quand vous vous mettez à parler. Un autre qui
tu ne trouveras que dalle ! Oualou. Néant. refuse votre vivacité d’esprit, votre sens inné
Nada. Le coup s’est déjà abattu, et c’est à de la percussion dans une société qui a un
toi que revient le grand luxe de faire le bilan sérieux problème avec les électrons libres.
des dégâts dans ta vie. Tu ne sais pas ce Une société qui n’aime pas les individus
qui t’arrive ? C’est juste une connaissance libres et solitaires. Une société qui s’appa-
qui t’a smatché. Juste un ami qui te veut du rente à un conglomérat de pièces sembla-
CARTON
ROUGE «
CHRONIQUE
CHRONIQUE PAR ABDELHAK NAJIB
TU NE SAIS JAMAIS D’OÙ TU REÇOIS LE COUP
n va y aller franco. Sans détours. bien et qui balaie d’un mensonge crade tous bles qui ont une sainte peur de l’intelligence.
On va régler quelques conten- tes beaux projets. Juste une ex- qui n’a pas Au final, si tu veux la paix –et encore c’est
tieux avec une société qui ne encore bien digéré que tu te sois cassé et qui loin d’être garanti- il ne faut rien faire. Il faut
Otourne pas rond. Nous vivons dit à toutes les femmes du monde: «C’est tout échouer. Ne jamais réussir un projet.
dans un climat social pour le moins étrange. un salaud, il m’a sautée et il est parti». Ah Ne pas aller de l’avant. Ne rien construire.
Pour ne pas donner dans la noirceur bon ? Pourquoi, tu pensais qu’il allait rester Ne rien produire. Juste regarder l’éclatant
complète, je vais juste dire que les Maro- ? Dans la vie, les gens ça vient et ça s’en spectacle des autres se foutant de ta gueule
cains sont une catégorie humaine à part. Il va. Puis, un jour, certains -ou au moins parce qu’ils t’ont atteint et t’ont coupé les
faut une série illimitée de codes pour coha- un- fi nit par rester. Encore faut-il qu’il soit ailes. Eh oui, parce que nous sommes dans
biter. Je ne dis pas vivre, juste être avec les le bon ou qu’elle soit la bonne. Mais non! une société qui livre une cabale noire aux
gens, être à côté d’eux. Parce que tu auras Aucune logique. Aucune réflexion. Aucune aigles et adore les poules mouillées. Mais
beau éviter le contact, fuir les frottements, rationalité. Les seuls sentiments valables quand tu es issu des carnassiers rapaces
refuser les accointances de bas étage, tu es sont simples et basiques : Aigreur. Rancœur. qui domptent les airs, tu jettes un regard
pris au dépourvu. On t’attaque. On te discré- Ressentiment. Haine viscérale. Jalousie de mépris à cette basse cour qui regimbe
dite. On te calomnie. On casse beaucoup de morbide. Et tu chemines avec un bataillon et picore les restes d’autres porcs domptés
mauvais sucre sur ton dos. On te taille des de haineux qui te collent aux pompes. et marchant à la queue-leu-leu. Moralité de
costards. On tente par tous les moyens de te Ceci a un nom : la vie. Sauf qu’au Maroc, cela cette histoire : quand tu vis dans un univers
couper l’herbe sous les pieds. Dans ce cas prend des proportions terribles. On dirait de tard-venus, fais ta route et aucun regard
de figure, quand il s’agit de vouloir ruiner la des guerres ouvertes. Tout le monde veut pour les trainards. Ils seront toujours à
vie des autres, quand il est question de leur achever tout le monde. Madame, ne me l’affût, leurs pièges mesquins entre les
faire du mal, les Marocains passent pour souris pas. Ne me dis pas bonjour. Ne me mains, se léchant les babines avant que ta
des champions toutes catégories humaines flatte pas avec des compliments mielleux détermination ne leur éclate les mâchoires
confondues. Ils excellent dans la magouille. qui sentent la naphtaline. Juste fous-moi et libère tout le venin. Alors, marche. Vole
Ils perfectionnent le mensonge. Ils peaufi - la paix. Ne parle pas de moi. Ignore mon très haut. Et n’hésite jamais à régler des
nent leurs inventions pour grossir la rumeur existence comme j’ignore la tienne. C’est comptes, quand il le faut. Amen.
130 VH magazine Mars 2018

