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FEMMES EN ACTION







                   Amina Slaoui



                 “


                     Prendre











                      continuer
                       ce qu’il y a et













                                                                               Elle
                                                                                a dit


                              mina Slaoui-Laraki n’a rien perdu de sa capacité
                                                                               “ Je me sentais un peu coupable d’être une
                              d’indignation. Quand elle parle de ces familles très

                                                                               fille de la bourgeoisie qui ne pouvait pas s’in-
                              aisées qui signent trois chèques de trois sociétés
                                                                               tégrer comme elle le voulait dans tous les
                     Adifférentes pour un total de 25.000 dirhams au profit


                                                                               milieux. ”
                     de son association, quand elle évoque l’entrepreneur qui empiète
                     allègrement sur le terrain du centre Noor pour les handicapés
                                                                               “ Finalement, je me suis rendu compte que

                     qu’elle a contribué à édifier, ses yeux bleus limpides lancent
                                                                               tout était à faire au Maroc. Nous étions jeunes
                     des éclairs. Une énergie inépuisable, une détermination rare
                                                                               et le monde nous appartenait. ”

                     et, malgré tout, une sensibilité à fleur de peau : cette femme-là
                     aurait réussi, quel que soit le chemin qu’elle eût emprunté. C’est
                                                                               “ Le médecin ne pensait pas que je passe-
                     le destin qui a choisi pour elle, un jour de 1992, au Costa Rica :
                                                                               rais la nuit. Et j’ai passé la nuit... Parce qu’il
                     colonne vertébrale brisée, jambes qui ne répondent plus et, à   n’était pas question que je meure ! ”
                     32 ans, la perspective d’une vie entière sur un fauteuil roulant.
                     Alors Amina n’a pas eu d’autre choix que de se battre pour la vie :   “ Aujourd’hui, au Maroc, un trottoir sur
                     la sienne et celle de son couple, en faisant deux autres enfants ;   mille est abaissé, mais le trottoir d’en face
                     celle des autres handicapées marocains auxquels elle donne   ne l’est pas... Nous sommes obligés de
                     tous les moyens en son pouvoir pour accéder à l’autonomie   rouler sur la chaussée. ”
                     et à la reconnaissance. Un combat de longue haleine, souvent
                     frustrant, parfois éprouvant où elle met toute sa pugnacité.   “ On peut faire ce qu’on veut : des campagnes
                     Mais aussi un parcours fait de nombreuses rencontres et de   de sensibilisation, des colloques... Ce qu’il
                     multiples bonheurs.                                       faut, c’est donner des exemples. ”

                 74   VH magazine   Mars   2018
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