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tous acabits et d’officiels impliqués et   poussé la symbolique tellement loin,
                                                   appliqués, vers une énorme image.   que le jour où il signe sa démission, il
                                                   Même le cheval a halluciné. Comment   est assis sur son accessoire mobile en
                                                   ? Quel affront ? On me dirige vers une   gandoura grise. Comble de l’élégance
                                                   image, mais il est où le bonhomme ?     et de respect pour ce peuple algérien
                                                   Ce que le cheval n’avait pas compris   qui a tant enduré et qui n’est pas encore
                                                   c’est que quand on atteint ce stade de   sorti de l’auberge. Ce peuple qui a été

                                                   sainteté, on peut juste faire balader ses   méprisé par un Bouteflika coupé des
                                                   effigies un peu partout dans le pays et   réalités de son pays.

                                                   rester scotché à son fauteuil comme
                                                   un enfant avec son joujou.        On se rappelle cette phrase terrible
                                                                                     quand on l’avait placé sur le trône
                                                   Il y a aussi cet autre passage tout aussi   d’Alger, s’adressant à un journaliste
                                                   incroyable quand on a fait défi ler son   étranger lui disant qu’il n’est pas là
                                                   énorme portrait pour un défi lé militaire.   comme président pour élever le peuple
                                                   Tu vois le truc : tu as des deuxièmes   et l’aimer. Si le peuple veut rester arriéré,
                 CARTON



                      CHRONIQUE

                                  ROUGE «
                      CHRONIQUE
                                                                                                PAR ABDELHAK NAJIB







                               LE CIRQUE ALGÉRIEN






                           epuis 20 ans, le show   classes par milliers et des offi ciers et   il va le rester. Ce jour-là, il aurait fallu
                           Bouteflika a été émaillé   des hauts gradés qui saluent un cadre   comprendre le rapport du bonhomme

                           de quelques épisodes    qui passe. Evidemment, dans les dicta-  au pouvoir et à l’exercice de l’Etat. Et
                  Dd’anthologie. Des instants      tures qui se respectent comme c’est le   là, depuis le 22 février 2019, ce même
                  rares dans la planète de pouvoir absolu.   cas à Alger, le culte de la personne, les   peuple a dit stop. De manière pacifi ste,
                  Des moments inoubliables et surréa-  images monumentales font offi ce de   il a donné une leçon à l’armée, aux
                  listes. Absurdes aussi. Mais depuis   gouvernance, mais de là à faire entrer   généraux, aux sous-fifres du pouvoir

                  qu’il a arboré son accessoire fétiche   dans la foire, des animaux, Boutefl ika a   algérien, au clan Boutef, aux islamistes
                  pour gouverner tout un peuple muselé,   dépassé tout le monde. Saddam, Kadhafi    qui sont en embuscade… Le mot d’ordre
                  il a pris du grade. Je dirai même qu’il   et les autres, ont été cloués au pilori. Il   est simple : liberté et dignité. Comme
                  a touché à un autre degré d’aberra-  faut le dire, c’est une idée de génie de la   ces Algériens la méritent cette vie
                  tion et d’hilarité conjuguées. Vous vous   part d’un président à vie, qui n’a jamais   meilleure. Ils ont assez accepté, assez
                  souvenez de cette séquence où on lui   reçu une seule personne durant vingt   enduré, assez donné, mais ils n’ont pas
                  offre un cheval ? Sauf que la bête n’a   ans de mandats cumulés. Pas un seul   oublié les années noires, les 200 000
                  jamais vu le bonhomme. Sauf sa photo.   artiste, pas un seul intellectuel, pas un   morts, les répressions à répétitions et la

                  Les sbires du régime Boutef ont poussé   seul journaliste, pas un seul cinéaste,   confiscation des identités. Là, le cirque
                  la rigueur surréaliste à ses confi ns.   pas un seul citoyen.       plie bagage. Il n’y a plus de spectacle.
                  On a mené le cheval, un peu paumé,                                 Il y a une nouvelle page à écrire, et les
                  je dois le souligner sur cette estrade,   Celui qui a exigé qu’on l’appelle Sa   Algériens vont l’entamer avec  sérénité,
                  entouré de généraux, de militaires de   grandeur monsieur le président, a   sourire et amour. Amen.



                 130   VH magazine   Juillet & Août 2019
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