Page 28 - VH Magazine N°184 - Mai & Juin 2020
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VH EXPRESS I I Tribune libre
Journée mondiale du sport
Lettre ouverte
à mon maroc
par Imane nacIrI
orsque je suis née, je ne t’avais pas choisi. Je
t’ai découvert en grandissant. Parfois, tu me
Ldécevais, d’autre fois, tu créais chez moi cette
incompréhension, comme un jeune adolescent rebelle, qui
souhaiterait s’affranchir de l’autorité de son père.
Des fois encore, je contemplais tes traits, ton corps tout
entier, de Tanger à Lagouira. J’y repérais des choses
extraordinaires, une lumière si spéciale sur
ton visage ridé, des nuits étoilées chargées J’ai scandé ton hymne, chaque soir, pour te
en épices et en phéromones, tu as bercé montrer mon amour inconditionnel. J’ai vu
mes jours et mes nuits. comment tu avais protégé tes enfants. Tu es
descendu dans la rue avec des mégaphones,
Je t’ai aimé, passionnément, lorsque tes et tu as crié, pour que chacun entre chez lui.
routes sont devenues plus grandes, tes
ponts plus nombreux, que la femme a pris Tu as érigé, envers et contre tous, un temple
une place plus claire dans la famille. Je t’ai triomphant construit par un élan de solidarité
aimé lorsque tu as clamé ton africanité, sans pareil. Tu nous as rappelé que nous étions
lorsque tu as affirmé ta fierté, lorsque tes une seule famille unie, tu nous as demandé
enfants ont porté haut ton drapeau à travers de t’aider, comme le feraient les personnes
le monde et dans toutes les sphères. du même sang.
Je t’ai aimé. Violemment. Et j’étais en colère, Nous nous sommes soutenus, nous avons
toi qui pouvais faire tellement et qui ne ensemble fait face à la crise. Je ne sais
fournissais aucun effort, toi qui trichais pas comment nous allons nous en sortir,
parfois, toi qui étais analphabète, toi qui probablement avec une joue écorchée, un bras
continuais à vivoter au lieu d’exceller. abîmé ou une jambe estropiée, mais le cœur
vaillant, empli d’espoir. Car aujourd’hui, nous
Et un beau jour du mois de mars, le monde savons. Nous savons que TOUT est possible.
s’est arrêté de tourner. La terre a continué
son chemin, mais… sans nous. Elle a crié Je suis heureuse de te retrouver. Tu m’avais
pour que nous soyons enfin responsables, manqué.
que nous ouvrions les yeux. Et je t’ai
retrouvé. Allah, Al Watane, Al Malik.
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