Page 13 - VH Magazine N°89 - Juillet 2010
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à partie le responsable qui l’accompagnait. Le
                 À la recherche du
                                                      grief reproché : le fait qu’on n’aurait pas pris en
                 métrosexuel marocain                 charge Abdelhadi Belkhayat la veille, à sa sortie
                 Le jetlag ? Connais pas ! Après mon escapade
                 new-yorkaise où j’ai interviewé sur le tapis   de concert. Ce sont des gens du public qui se
                 rouge la réalisatrice marocaine Sanaa Hamri   seraient proposé pour le raccompagner. Tamer
                 pour son nouveau fi lm, c’est sur un autre tapis   Housni, pour détendre l’atmosphère, prend la
                 rouge que j’ai atterri au Maroc, dès le lendemain   parole pour annoncer, que l’année prochaine, il
                 de mon retour, pour couvrir la fashion week   se chargera personnellement de raccompagner
                 casablancaise : Festimode. Très bonne édition   Belkhayat à sa sortie de concert. Silence dans
                 qui eut pour point d’orgue une after party des   l’assistance. Un ange passe. Question suivante :
                 plus sympas. J’en ai profi té pour demander à   une autre voilée, plutôt forte de gabarit, prend le
                 Salima, la présidente du jury, comment il se faisait   micro et pointe du doigt le chanteur égyptien :
                 que les mannequins mâles des défi lés de mode   « Hé toi, Tamer, pourquoi tu viens avec tes
                 marocains soient exclusivement européens.   gardes du corps et tu nous pousses ? C’est
                 N’avons-nous pas, à l’image des très beaux   grâce à nous que tu es une star. Pourquoi tu
                 mannequins marocains femmes, de beaux mecs   nous pousses comme ça ? Tu crois qu’on va te   Fès, c’est fini, et dire que
                 formés pour ce métier ? Salima m’a confi rmé que   manger ? Qu’on va te mordre ? » La question   c’était la ville ou je suis né
                 la réponse était dans la question : nous n’avons   reste sans réponse, alors qu’une troisième   Puisque c’est la saison des festivals, il y en
                 pas de professionnels qui sachent prendre soin   journaliste prend la parole pour formuler une   a un qui, contrairement à Mawazine, fut un
                 d’eux sans pour autant être efféminés. C’est ce   requête. « Monsieur Tamer, je veux prendre une   véritable fi asco : celui des musiques sacrées de
                 qu’en Europe et en Amérique, on appelle des   photo avec vous, mais j’ai peur de vos gardes   Fès. Pourtant, en tant que natif de la capitale
                 métrosexuels. Messieurs, vous savez donc ce qu’il   du corps. » Très professionnel et aimable, le   spirituelle, j’avais de bonnes prédispositions par
                 vous reste à faire. Être élégant et prendre soin de   chanteur accepte de prendre une photo avec   rapport à cet événement. Mais voilà, lorsque
                 soi n’a jamais fait de mal à personne !  la journaliste, qui, satisfaite, rejoint son siège   l’organisation est tellement chaotique que même
                                                      avec son appareil à la main pour poser une   les journalistes de CNN et de la BBC ne trouvent
                                                      question encore plus débile que les autres :   pas de badges presse à leur arrivée, comment
                 De l’ineptie des questions
                                                      « Monsieur Tamer, dans vos concerts et dans   voulez-vous qu’une couverture médiatique
                 des journalistes couvrant            vos clips, vous semblez être très énergique et   valable puisse être effectuée. L’exclusion du
                 Mawazine                             en forme. Pourquoi, aujourd’hui, semblez-vous   journaliste de la chaîne Al Arabia ne fut pas
                 L’édition de cette année a été un grand   aussi fatigué ? ». Le chanteur s’excuse et ne sais   pour arranger les choses. Une conférence de
                 spectacle. Rien à redire. Côté scène comme   pas trop quoi répondre à toutes ces inepties,   presse fut organisée le lendemain de l’incident
                 côté coulisses. Et surtout l’apothéose que fut   d’autant plus qu’il se sent vraiment agressé par   par le président du festival. J’en ai profi té pour
                 le concert de Sting. On ne peut pas en dire   les journalistes. Et pour cause ! Pour ma part,   le questionner à ce sujet. En guise de réponse, il
                 de même côté journalistes, où là, on a frôlé   j’avais honte de mes confrères. La dernière   a affi rmé à l’antenne de Nessma TV qu’il n’était
                 un niveau d’imbécillité insondable. C’est ainsi   question vint achever ce qui restait de cette   pas au courant. J’ai alors fait savoir au président
                 qu’au jeu de la question la plus bête au monde,   conférence de presse lorsqu’une journaliste télé   de la fondation que, s’il n’était pas au courant de
                 c’est une journaliste d’un quotidien de la place   héla le chanteur pour lui demander sur un ton   ce qui se passait dans son festival, il y avait 100
                 qui l’a emporté en demandant à Santana s’il   très familier pourquoi il partait à chaque fois sans   millions de téléspectateurs arabes de la chaîne
                 comptait enregistrer une chanson avec un artiste   l’en informer. Pourquoi il se dérobait ainsi par des   Al Arabia qui, eux, l’étaient. Sur ce, j’ai quitté Fès
                 marocain ? Comme si Santana, le plus grand   petites portes sans rien lui dire ? « Je ne sais pas   séance tenante, interrompant ainsi la couverture
                 guitariste de tous les temps, n’avait que ça à faire   où tu  vas ! Tu ne me dis rien ! Tu t’échappes et tu   de l’événement par la chaîne du Grand Maghreb,
                 en cette période de l’année où il vole de festival   me laisses comme ça ! » Un seul mot à tout cela,   pourtant partenaire. À ce sujet, beaucoup de
                 en festival : tout arrêter et faire des castings pour   ou plutôt deux : « Affligeant » et « pathétique » ! Il   gens regrettent le temps où le Festival des

                 enregistrer un duo avec un artiste marocain !   faut vraiment offrir des formations gratuites   musiques sacrées de Fès était pris en charge par
                 Autres questions, toutes plus stupides les unes   à nos journalistes car ils sont à des années   Faouzi Squalli, son initiateur.
                 que les autres, celles qui furent posées lors de   lumières des standards du métier !
                 la conférence de presse de Tamer Housni, le
                 célèbre chanteur égyptien. Venu en compagnie du   n’oublier pas gardien de   Y a-t-il une diva dans
                 chargé de programmation de la musique orientale,                         l’avion ?
                 il s’est vu ignoré dans un premier temps par une   voitures !            Franc succès que la semaine marocaine
                                                      De sortie en ville, j’ai rejoint des amis dans un
                 journaliste voilée (elles l’étaient pratiquement   des hauts lieux de la branchitude casablancaise.   organisée par Nessma TV et à laquelle j’ai
                 toutes d’ailleurs) qui n’avait en tête que de prendre   Là-bas, j’ai remarqué un clubber qui fêtait son   participé en tant que chroniqueur sur le plateau
                                                                                          d’un Ness Nessma qui a vu défi ler les plus
                                                      anniversaire en grande pompe. Des bouteilles   importantes personnalités marocaines. Durant
                                                      plein la table, le groupe d’amis semblait bien   mon intervention, l’un de mes potins avait trait
                                                      s’amuser. Quelle ne fut ma surprise en revoyant   à une diva marocaine qui a voyagé en business
                                                      le même clubber tentant, à la sortie de la   class sur un vol Casablanca-Le Caire tandis que
                                                      boîte, de s’esquiver sans payer le gardien de   sa mère, elle, faisait le voyage en économique.
                                                      voitures. Du coup, j’ai pensé à créer un club que   Suite à ce gossip, j’ai reçu des mails incendiaires
                                                      j’ai intitulé « Le Minable’s club », afi n d’inviter   de la part de fans d’une chanteuse marocaine
                                                      comme membres tous ceux qui se la pètent   qui ont pensé que c’était d’elle dont il s’agissait.
                                                      dans les endroits branchés mais qui, une fois   Je veux rétablir les faits. Je n’ai jamais cité de
                                                      qu’ils ne sont plus sous la lumière, agissent   nom dans ma chronique sur le plateau, encore
                                                      comme les derniers des mesquins. Un seul mot   moins celui de cette chanteuse pour qui j’ai, au
                                                      chers amis clubbers : quand vous sortez en   demeurant, beaucoup de respect. Il y a autant
                                                      boîte, gardez en poche cinq dirhams pour les   de divas marocaines qu’il y a de styles musicaux
                                                      donner à celui qui a, entre-temps, gardé votre   marocains : chaâbi, andalous, berbère, gharnati,
                                                      voiture. Vous ferez un heureux.     jebli et j’en passe. Dont acte.


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