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Zakia Daoud
Journaliste & écrivaine
“ Je ne crois pas que la situation de la
femme puisse désormais être dissociée
de celle de l'ensemble de la société. Cela
signifie donc que s'il y a eu des évolutions
certaines, il y a encore des freins puissants
et que les acquis doivent être défendus
pour rester ce qu'ils sont, des acquis...
Cela signifie aussi que la situation des
femmes est différente selon les classes
sociales auxquelles elles appartiennent,
suivant qu'elles vivent à la campagne ou en
ville, qu'elles habitent les quartiers huppés
ou les quartiers périphériques, qu'elles
travaillent ou non, étudient ou non. Dans
chacune de ces niches sociales, le combat
des femmes pour sauver leurs acquis ou
bien acquérir plus de droits est différent.
Encore faut-il naturellement qu'il y ait
combat.... et qu'il soit mené de manière
consciente.”
Najat M'jid
Présidente de l’association Bayti
“ Les 15 dernières années ont été marquées par
plusieurs avancées, notamment le code de la famille.
C’était une avancée notable grâce aux mouvements
féministes avec l’appui du Roi. Au début, on était contente
et fière, on a cru que ça allait changer beaucoup de
choses mais, aujourd’hui, on se demande vraiment si on
ne risque pas de perdre nos acquis. Clairement, je cite le
grand débat sur le projet de loi de l’instance. Alors qu’il y a
eu une commission qui travaillait dessus et qu’on pensait
aller dans le bon sens, on remarque qu’il y a de la résis-
tance et que les choses n’évoluent pas. Il faut travailler
sur les perceptions et les changements de normes, c’est
capital. Dès qu’on parle du droit de la femme, certaines
personnes pensent à la révolte, ils pensent au discrédit
sur nos valeurs musulmanes. C’est complètement faux,
on peut être musulman et moderne et avoir des droits
ce n’est pas du tout contradictoire. ”
Mars 2018 VH magazine 63

