Page 30 - VH Magazine N°177 - Mai & Juin 2019

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VH EXPRESS I I 7 Ciel

Tout est pour le mieux

dans le meilleur des mondes

POURTANT, LA VIGILANCE RESTE DE MISE, ET AVANT TOUT COURRIER LE
PILOTE DOIT FAIRE UNE ÉTUDE DES PLUS DÉTAILLÉES DES CONDITIONS
CLIMATIQUES DU JOUR ET CONFIRMER QUE TOUTES LES VÉRIFICATIONS
NÉCESSAIRES À LA MISE EN SERVICE DE « SON » AVION ONT ÉTÉ EFFECTUÉES.

COMMENÇONS PAR LA MÉTÉO ! traverser l’Océan Atlantique puis l’une des
Nous serons appelés à parler du trajet plus haute chaine montagneuse du monde
Casablanca Dakar, tronçon mille fois exécuté : la cordillère des Andes.
par les avions de l’aéropostale. Ce courrier je Au début de l’aventure, les avions étaient mal
l’ai moi même effectué maintes et maintes équipés, et en l’absence de radio, les pilotes
fois. Mais, la similitude s’arrête là. devaient se satisfaire d’une boussole en
L’avion que je pilotais était multi-réacteurs pendentif autour du cou et d’une carte. Pour Le radar « météo » une bénédiction pour le pilote
et comprenait, élément ô combien rassurant, naviguer, la méthode consistait à rester en
dans sa planche de bord : un radar contact visuel avec le « plancher des vaches
météorologique. En effet, pour atteindre » et à s’orienter en localisant, sur la carte, les
le Sénégal nous étions souvent amenés à repères visibles au sol (voies ferrée, fl euves,

traverser le FIT (front inter tropical) qui se forêts, lacs…) afin de recaler sa position et
composait d’une muraille de nuages des repartir de l’avant.
plus actifs, qui se fondaient dans l’obscurité Le procédé est à priori simple et fi able.
la nuit, et qui culminaient, parfois, à plus de Mais, quand une masse nuageuse se plaçait
50 000 pieds (17 000 m). En cas de panne dudit entre l’aéronef et le sol, toute référence de
radar, sans la moindre hésitation, sécurité navigation devenait impossible : On naviguait
oblige, nous restions (à vue) hors des nuages à l’aveugle.
ou nous rebroussions chemin. Saint Exupéry, en 1935, lors d’une tentative de
Alors, que penser de ces aviateurs des record de vitesse (sur le trajet Paris Saigon),
années 20, qui, dans leurs coucous de fortune, s’est fait piéger de la sorte et en tentant de
démunis du moindre instrument de bord, traverser la couche pour reprendre le contact
avec une couverture météo quasi-inexistante visuel avec le sol, il percute le relief et s’est
et sans radar météo, s’aventuraient dans retrouvé prisonnier du désert libyen. Après
cette zone. avoir perdu espoir d’être retrouvé par les

Le titre d’un film britannique réalisé par Ken secours il décide de marcher vers l’est avec
Annakin : « Ces merveilleux fous volants son compagnon d’infortune. Il leur faudra 3
dans leurs drôles de machines » en donne jours à combattre la soif et la chaleur avant
une bonne défi nition. de rencontrer un bédouin qui leur sauvera
la vie.
COTÉ NAVIGATION Ligne de l’aéropostale
Saint Exupéry avait dit : « Ce qui donne un OÙ EST PASSÉ
sens à la vie donne un sens à la mort ». Se L’HORIZON ?
sentir utile, jouer un rôle positif procure un Les aéronefs de
sentiment de satisfaction qui découle du l’époque étant démunis
devoir accompli. Et cette harmonie avec soi d’équipements de bord,
même permet de partir en paix…. l’horizon naturel se
La devise est bien belle mais le défi est trouvait être la seule
monumental : avec toute la bonne volonté du référence visuelle qui
monde, il fallait un sacré tempérament et une permettait de maintenir
forte dose de chance pour mener son avion à les ailes horizontales.
bon port. Avec des avions privés de moyens Ainsi, si l’avion pénétrait
de navigation les pilotes étaient contraints de (par accident, ou par
longer le littoral espagnol puis africain afi n de obligation) dans une L’horizon une référence salvatrice
ne pas s’égarer. Il ne restait plus alors qu’à…

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