Page 60 - VH Magazine N°195 / NUMÉRO COLLECTOR
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Spécial Lions de l'Atlas





                  HASSAN AKESBI
                 LE STRATÈGE











                 « Je suis né pour jouer au football, c’est sûr ça.   grâce à cette cagnotte, devrait s’appeler en
                 L’aimer, ne pas l’aimer, c’est une chose, le fait   toute logique Hassan Akesbi ! Quant à la prime
                 est que je ne pourrais m’en passer », déclarait   qui revient au joueur, elle lui permet de rentrer
                 Hassan Akesbi dans « Le Miroir du Football »   au Maroc pour se marier, avant de reprendre
                 en avril 1961. A l’âge de huit ans, il tapait dans   sa carrière de plus belle.
                 le ballon, tout en prenant garde à ne pas salir   A Reims, Hassan Akesbi a la lourde tâche
                 ses chaussures, dans les ruelles de Dar Baroud   de faire oublier le natif de Marrakech Just
                 et sur les plages de Tanger. En 1950, il intègre   Fontaine, jamais remis d’une double fracture
                 le Sevillana, lié au club de deuxième division   en 1961. Deuxième buteur du championnat
                 espagnole l’Union sportive espagnole de Tanger,   de France pendant la saison 61/62 avec 23
                 qui lui fait signer un contrat malgré son jeune   buts, troisième pendant la saison 62/63 avec
                 âge. Il a à peine quatorze ans quand il dispute les   24 buts, son entente avec Raymond Kopa fait
                 matchs au stade Marchan, en cachette et avec la   merveille et permet à Reims de remporter
                 complicité de ses frères. Le père, Si Abdennebi   son septième et dernier titre de champion de
                 Akesbi, savant théologien et descendant d’une   première division.
                 noble famille andalouse,  souhaitait en effet
                 pour lui une autre destinée.

                 Au moment où les équipes espagnoles de
                 Madrid, Barcelone et Séville se le disputent,
                 il préfère rejoindre le FUS de Rabat, malgré les
                 réticences des dirigeants de Sevillana. Il aura
                 fallu que « la Perle noire », Larbi Ben Barek,
                 et l’entraîneur, Ahmed Chahoud, fassent le
                 déplacement en Espagne pour lui permettre
                 de rejoindre le club r’bati. De cet entraîneur
                 hors pair, Hassan Akesbi garde le souvenir d’un
                 maître, d’un pédagogue, d’un ami, sinon d’un
                 père. Conciliant le jeu et les études au lycée
                 Moulay Youssef, il ne tarde pas à être repéré
                 par le Franco-algérien Kader Firoud qui le fait
                 signer à Nîmes Olympique et dont il devient
                 le chouchou. Parmi les meilleurs buteurs du
                 championnat, il est classé pendant la saison
                 58/59 deuxième après Cisowski et à égalité
                 avec Just Fontaine. Si le FUS l’avait offert

                 grâcieusement à Nîmes Olympique, afin qu’il
                 rejoigne les Marocains de France et embrasse
                 une carrière internationale, Nîmes marchande
                 âprement son transfert au Stade de Reims, qui
                 coûtera la bagatelle de 50 millions. Transaction
                 record à l’époque, qui fait couler beaucoup
                 d’encre. Le stade Jean Bouin de Nîmes, retapé


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