Page 111 - VH Magazine N°143 - Octobre 2015
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DOLCE VITA  I I  Livresse


                                          LE COLLIER ROUGE
                                          DE JEAN-CHRISTOPHE RUFIN
                                          Jean Christophe Ruffin affirme que le roman part de deux faits réels. « D’abord d’une réalité méconnue :
                                          nombre d’animaux ont été partie prenante dans la guerre de Quatorze-dix huit, en particulier des chiens, il y
                                          avait des centaines de milliers de chiens dans les tranchées. Certains étaient employés par les armées pour
                                          des tâches spécifiques de déminage ou d’assaut, mais le plus grand nombre avait suivi les combattants lors
                                          de leur mobilisation et ils étaient restés au front, tolérés parce qu’ils rendaient service : ils tuaient les rats,
                                          donnaient l’alerte, tenaient compagnie aux soldats. Ensuite, il y une histoire de famille racontée par un ami,
                                          dont le grand-père, revenu de la guerre décoré de la Légion d’honneur pour des faits brillants, avait fini par
                                          considérer que son chien méritait plus que lui cette distinction.»En effet, le roman nous mène loin en arrière.
                                          Nous sommes en 1919. Une caserne perdue dans le Berry. Un chien, mal en point, passe la sainte journée à
                                          aboyer. Il est au taquet devant le portail sinistre de la garnison. Le chien attend son maître, retenu prisonnier
                                          dans l’enceinte de ce bâtiment. Quitte à geindre, le chien décide de faire un boucan de tous les diables et
                                          ameuter tout le monde. C’est une question de fierté, d’honneur, de vie et de mort. Son maître est un héros de
                                          la grande guerre. Il mérite tous les honneurs.    (EDITIONS GALLIMARD. 240 DHS )






                                          UN QUINZE AOÛT À PARIS
                                          DE CÉLINE CURIOL
                                          La question est très simple : avez-vous déjà vécu une dépression ? Ensuite, si c’est déjà le cas, en êtes-vous
                                          sorti le même ? Ou alors la dépression vous a façonné à sa guise et à vie, malgré toutes vos tentatives de
                                          retrouver qui vous étiez avant ? Ce livre relate d’abord une histoire vécue. Un drame personnel traversé par
                                          l’auteur Céline Curiol. Durant l’été 2009, l’écrivaine sombre dans une grave dépression. Comme beaucoup
                                          de gens, elle a tenté de s’en sortir toute seule. Elle a pensé, comme vous et moi, que c’était passager, qu’il n’y
                                          avait pas de quoi s’inquiéter. Après tout, tout finit par passer. Mais ce n’était pas le cas pour Céline. Le corps
                                          se met à souffrir. Le mal s’infiltre partout, monte en puissance et paralyse son esprit. Elle est captive. Elle
                                          ne peut pas échapper à l’angoisse de tous les instants. Ce qu’il faut savoir-ceci ceux qui ont traversé l’enfer
                                          d’une dépression le savent très bien- c’est que la dépression change un être humain. Vous n’êtes plus vous-
                                          même. Vous n’avez aucun prise sur ce qui vous arrive. Vous assistez à votre dérive. Vous regardez votre noyade,
                                          mais vous n’y pouvez plus rien. C’est ce sentiment d’impuissance face à ce qui vous broie comme un rouleau
                                          compresseur qui est terrifiant. Peur constante, panique à tout instant, asphyxie permanente, vous êtes en
                                          apnée. Céline Curiol, l’auteur de Un quinze août à Paris, décide de consulter. Il faut se faire aider. Il faut une
                                          béquille. Un psychiatre peut être d’une bonne aide.     (EDITIONS ACTES SUD. 220 DHS)




                                          VILLES DE SEL : L’ERRANCE

                                          D’ABDURRAHMAN MOUNIF
                                          Pour Villes de sel dont on présente ici un tome intitulé « L’errance », c’est un ouvrage lourd de sens. Ce
                                          travail gigantesque conçu comme une trilogie, mais qui a pris des proportions immenses pour devenir
                                          une réelle saga regroupant  cinq tomes de près de quatre cents à six cents pages chacun, retrace
                                          l’histoire non seulement d’une famille, d’un peuple, mais d’une région du monde et au-delà, pour devenir
                                          une histoire de l’humanité dans ce qu’elle de plus complexe et insaisissable. On y lit les profondes
                                          mutations qu’a connues la péninsule Arabique sous l’effet de la découverte du pétrole, cet or noir, qui
                                          s’est avéré avec le temps, une réelle manne économique, mais aussi une malédiction politique et sociale.
                                           Dans ce premier tome, nous sommes face à un récit qui se déroule dans une oasis située à l’est de
                                          l’Arabie. C’est là que l’on découvre une communauté bédouine qui vit loin de tout, dans l’austérité.
                                          Quand apparaît un petit groupe d’Américains, munis de leur recommandation de la part de l’émir de la
                                          région au cheikh de la tribu, c’est le début d’une nouvelle vie. Les forages de prospection pétrolière sont
                                          entrepris dans l’oasis. Plus rien ne peut rester comme avant. Mais un homme, connu pour son courage
                                          et sa bravoure, se soulève et mène la résistance contre les Américains.     (EDITIONS ACTES SUD. 220 DHS)

                                                                                                        PAR ABDELHAK NAJIB


                                                                                                   Octobre   2015    VH magazine   111
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