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campagne contre la violence faite aux de vue. Changement de vision. Change-
femmes au Maroc qui aurait dû être ment d’approche pour ne pas harceler
suivie de débats dans les cercles politi- une femme dans la rue, encore moins
ques, au sein de la société civile et chez l’insulter, la maltraiter ou la considérer
les uns et les autres, pour mettre un comme une sous-espèce. Pour dire vrai:
terme à toutes les formes d’abus contre les femmes sont plus balaises que les
les femmes. Slogans et effets de manche. hommes. Elles ont une telle force d’en-
Puis silence de mort. Là aussi, on a oublié. caisser et de résistance qui bat de loin
On a balayé d’un revers de la main toute notre arrogance, notre fausse force, notre
cette histoire. Et on a servi à l’opinion insolence devant ce qui est l’origine de
d’autres sujets à ruminer, en attendant toute vie.
de passer à autre chose comme dans un
zapping, très bas de gamme. On le sait, Et il faut aussi que les femmes se pren-
tout ceci demeure sur le papier, comme nent en main, ne pas verser dans le
des slogans, des tentatives bien timides fatalisme et accepter n’importe quel
de noyer le poisson, à défaut de résoudre comportement émanant d’un mâle en
le vrai du problème, qui est la mentalité mal de puissance et qui tente de l’écraser.
des hommes. Oui, le mâle marocain a de L’autre vérité à prendre en compte, c’est
CARTON

CHRONIQUE
CHRONIQUE
ROUGE «

PAR ABDELHAK NAJIB

VOUS AVEZ DIT HARCÈLEMENT !

ous avez vu comme n’importe drôles d’idées sur la femme. Au mieux, qu’une large majorité de femmes partici-
quel sujet, aussi brûlant, et c’est un objet sexuel. Au pire, une esclave. pent à consacrer cette situation d’injustice
crucial soit-il, on le zappe au Entre les deux ? Il n’y a pas de place, dont elles sont victimes. Elle vont même
Vbout de quelques jours, on entre les deux. Que des extrêmes quand jusqu’à trouver des explications au harcè-
tourne la page, on oublie et on passe à il s’agit des femmes. Ou on les aime à lement, à la violence conjugale, au viol,
autre chose ? Quand ce drame vécu par les tuer ou on les méprise… à les tuer aux mauvais traitements, au mépris et
cette jeune fille, violée dans un bus maro- aussi. Rares sont ceux qui ont compris autres agissements dégradants. Rien au

cain a éclaté, nous avons tous cru que que la femme a une place de choix au monde ne peut justifier un coup porté, une

nous allions en faire, tous autant que nous sein de toute société qui se respecte. C’est insulte, un regard réducteur. Rien. Pour
sommes, une affaire nationale, un débat un socle, la femme. Une assise mobile dire les choses autrement, tant qu’on en
de société qui va au fond des choses et pour soutenir le poids souvent bancal de est encore à commenter les dégâts et
qu’on ne lâchera pas le morceau avant la société. Nous avons tous des mères, faire des analyses bâtardes sur un sujet
de régler cette épineuse et criminelle des sœurs et pour certains d’entre nous, aussi grave que le viol, il y a de quoi se

histoire de harcèlement des femmes dans des filles ? Comment voudrions-nous les poser des questions sur les Marocains
ce pays. Il n’en est rien. voir traiter par les hommes ? Il suffi t de et leurs archaïsmes de pensées, leurs
prendre le temps de bien y penser pour croyances, leurs différentes lectures et
Déjà il y a quelques années, on a eu droit amorcer le début d’un commencement arrangements avec eux-mêmes, pour
au même épisode avec une certaine de changement. Changement de point justifier l’horreur.

98 VH magazine Octobre 2017