Page 96 - VH Magazine N°191 - Juillet - Septembre 2021
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dolce vita I I Art & artisanat
idées, à être disruptives et surtout,
à sortir leur révolte en elles» et
à conjuguer leurs savoir-faire à
la folie magique de l’artiste Keya,
pour écrire l’histoire autrement,
«comme dans un roman extraor-
dinaire, passionnant et excitant».
Ce projet a été pour l’équipe du Es
Saadi une évidence culturelle qui
n’est pas sans rappeler la richesse
et la diversité du patrimoine
marocain que les mécènes, mais
aussi des grands artistes tels que
Bert Flint, n’hésitent pas à mettre
en majesté.
Direction les Haras du Selman,
véritable havre de paix et de bien-
être invitant à la contemplation
et au recueillement. Dans une
ambiance paisible, et entourées
de pur-sang arabes, des œuvres
lumineuses viennent murmurer
des messages incompréhensi- les chroniques de Aït femmes dans toutes les conditions
bles et pourtant envoûtants, aux bouguemAz sociales et culturelles.
oreilles des visiteurs : « Nous Comme un mirage, elles sont Dans la vallée, Keya initiera des
avons souhaité à travers ce projet apparues, l’une après l’autre, rencontres avec des femmes,
favoriser une connexion mysté- elles avançaient paisiblement, tisseuses de tapis, avec qui il a
rieuse et indomptable, comme nos toutes de blanc vêtues sur le imaginé une collaboration artis-
chevaux, entre les visiteurs et les toit de la maison de leur ainée, tique, il dessinerait des fresques
œuvres de ces femmes », affirme qui s’adressera aussitôt à et elles, les réaliseraient en usant
M. Ennadifi Kamil, Directeur de l’équipe « Nous sommes là, que de leur savoir-faire, cet échange
l’établissement. devons-nous faire ? Par quoi on prendra une tournure complète-
Pour finir sur des notes sensuelles commence ? ». ment improbable. Lui qui a
qu’offre le paysage du Désert Stupéfaits par leur charisme, souhaité rencontrer des artisanes,
d’Agafay, à la Terre des Etoiles. Nous avoNs «nous étions aussitôt sous finit par collaborer avec des vraies
Quelle belle consécration que souhaité l’emprise de leur beauté, leur artistes, « ce qu’il faut savoir, c’est
d’inviter des étoiles montantes à travers démarche et leur noblesse» que, dans l’art abstrait, deux règles
sur une terre qui leur est dédiée ce projet nous a raconté l’artiste Keya, qui sont indispensables : la gestion de
! Pierre Yves Marais, Directeur favoriser continue « Quelque chose s’est l’espace de l’œuvre qui lui donne
de l’établissement, s’appuie sur passée à ce moment précis, un son équilibre et la colorimétrie ; et
le lien qu’il souhaite préserver uNe coNNexioN arrêt sur image, une parenthèse ces femmes, elles savent faire les
entre les attributs magnétiques mystérieuse loin du temps » qui déclenchera deux ». Des femmes de fer, qu’il
du désert et les cultures locales où et une collaboration des plus fruc- décrit comme charismatiques,
« la place des femmes est essen- iNdomptable, tueuses. fortes au tempérament bien ancré,
tielle… leur rôle fondamental », comme Nos Keya les a rencontrés il y a 4 ans. qui ont tellement de choses à dire,
notamment grâce à leur maîtrise Fraichement arrivé au Maroc, il tellement d’histoires à raconter et
d’un artisanat, jugé parfois tradi- chevaux, s’investit déjà dans la création dont les créations font échos dans
tionnel, mais qui est « pour nous, eNtre les artistique pour renouer avec sa sa culture artistique aux multiples
une expression artistique à part visiteurs et passion pour la culture berbèro- inspirations, « elles sont vraiment
entière, que nous souhaitons se les œuvres de amazighe qu’il a hérité de son des artistes, parce que c’est elles
faire épanouir auprès des voya- ces femmes père. De sa mère, il tire des qui vont tisser, moi je dessine,
geurs et des différents publics de engagements féministes basés mais finalement, c’est elles qui
la culture de la région ». sur le respect et la valorisation des font le travail ».
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