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1920 – 1970

L’ÂGE D’OR DE

PAR CEUX QUI L’ONT VÉCU

Pendant cinquante ans, Casablanca fut l’une d’enfance. N’empêche que leurs « réalités »
des villes les plus modernes, les plus joyeuses finissent par former une vérité, celle d’une ville de
et les plus généreuses du monde. De toute tous les possibles où la pauvreté n’était qu’une
l’Europe et des quatre coins du étape transitoire, d’une modernité
Maroc, des hommes et des femmes inouïe, où l’on travaillait extrême-
en quête d’une vie meilleure y ont ment dur mais où on s’amusait
afflué pour participer à la construc- tout autant. Alors, certes, le Protec-
tion de ce qui était un plus qu’une torat avait instauré une société à
ville : un eldorado et « un exemple plusieurs vitesses où le Marocain
de quelque chose », comme le dit JE SUIS BOULEVERSÉ était un citoyen de seconde caté-
joliment l’architecte et co-fonda- gorie, mais chacun avait la possi-
trice de Casamémoire, Jacqueline TANT CE PAYS RESPIRE bilité de s’enrichir, pour peu qu’il fît
Alluchon. Ce sont les enfants de ces LA JEUNESSE ET LA preuve d’initiative et d’une grande
immigrants que nous vous propo- VIE. CASABLANCA ? force de travail. Certes, la lutte pour
sons d’écouter dans les pages qui C’EST LA FOI DANS l’indépendance fut particulièrement
suivent. Le dossier que vous allez lire sanglante à Casablanca, mais une
n’a donc aucune prétention scienti- LE PRÉSENT, C’EST fois libérée du régime colonisateur,
fique, même si, grâce au précieux L’ESPÉRANCE DANS la ville, avec son extraordinaire

livre de Monique Eleb et Jean-Louis L’AVENIR, C’EST L’ÉLAN vitalité, s’est remise à travailler et
Cohen, Casablanca – Mythes et QUI TRANSFORME DE à se distraire avec une énergie
figures d’une aventure urbaine, décuplée. De cette époque dorée,
nous avons pu disposer de données FOND EN COMBLE nous avons beaucoup à apprendre
extrêmement rigoureuses et que LE VIEUX MAGHREB. comme nous l’explique l’architecte
nous avons bénéficié de l’analyse CASABLANCA, C’EST Rachid Andaloussi en conclusion
éclairée de Jacqueline Alluchon. L’ÂME DU MAROC de ce dossier. Et d’abord comment
Car les articles qui suivent sont avant quelques visionnaires peuvent
tout le fruit des dizaines d’interviews NOUVEAU. » changer le destin d’une ville et que
Vincent Berger,
que nous avons réalisées. la foi dans l’avenir et la générosité
L’Appel du Sud, 1937.
Les témoignages de ces personnes, de ses habitants sont capables d’en
qui sont des acteurs de l’époque que nous décri- faire un endroit meilleur. Signalons qu’une expo-
vons, sont forcément subjectifs et sans doute sition de cartes postales se déroule actuellement
enjolivés comme le sont souvent les souvenirs à la Marina qui raconte les débuts de la ville.

DOSSIE RÉALISÉ PAR LAURENCE OIKNINE
OMAR MRANI ET MOHAMED AMESKANE

Novembre 2011 VH magazine 35