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Amine Bendriouich.
qu’ils ne tombent pas complètement dans l’oubli.
C’est que ces images et ces visuels font partie de
notre histoire. D’ailleurs, à ce sujet, nous Marocains
sommes, par maints égards, une nation très kitch : la
manière dont nous nous habillons, les étalages dans
les vitrines de magasins etc. Et ce que j’aime juste-
ment c’est de jouer sur ce kitch, de le réinterpréter
pour en faire quelque chose de plus In.
Au sujet du rôle central de la femme dans
votre œuvre, notamment dans la série
“Kech Angels”, il peut être troublant,
notamment pour le regard d’un occidental,
de voir des femmes voilées mais en même
temps, très fortes, très autonomes juchées
sur leur moto en mode « Bikers » ?
Concernant le voile, vous remarquerez que dans
mon travail il s’agit plus d’un “Litham” que d’un voile.
Ils sont par ailleurs colorés et portent de multiples
motifs. Ce n’est donc pas un élément d’oppression
de la femme. La manière dont je fais le portrait de
ces femmes c’est une façon de dire qu’il ne faut
pas tout amalgamer. Qu’il y a eu de tout temps, au
Maroc, une tradition pour les femmes de porter
le foulard, le Litham, le Haïk etc. Ma grand-mère
portait un Litham quand elle sortait dans la rue.
Ce n’est que suite aux évènements du 11 septembre
2001 que les choses se sont crispées et cristallisées
notamment autour de symboles tels que le voile. En
ce qui me concerne, ce sont à ces femmes fortes
et fières que je veux rendre hommage dans mon
travail.
Vous avez récemment présenté votre fi lm,
“Un jour dans la vie de Karima”, à New
York et à Los Angeles. Comment le public
américain a-t-il accueilli votre travail?
Mes liens avec les Etats-Unis remontent aux
débuts des années 1990. J’envoyais à des clients
là-bas des vêtements de ma collection mais égale-
ment des marques de Street-Wear telle que celle
de Stussy ainsi que des disques vinyles de Hip
Hop. Dans ma jeunesse, j’ai été fortement infl uencé
par des artistes américains ainsi que des gens qui
sont considérés comme les fondateurs du mouve-
ment Hip Hop. Cela, à l’image de Fab 5 Freddy, le
créateur sur MTV de la première émission dédiée
à ce mouvement : « Yo MTV Rap ». C’est ainsi que
lorsque j’ai été invité à New York pour présenter
mon film, j’ai eu l’une des plus belles surprises de
ma vie lorsque c’est Fab 5 Freddy en personne
qui a accepté de présenter la soirée de l’avant-
première de « Un jour dans la vie de Karima » ! Le
film a été ovationné par le public et cela a été une
grande source de joie que mon travail soit compris
et apprécié là-bas.
Tiger Matches. Fez Hats Set.
Août-Septembre 2015 VH magazine 41