Page 40 - Lire votre magazine en version PDF
P. 40

Amine Bendriouich.
                                                                              qu’ils ne tombent pas complètement dans l’oubli.
                                                                              C’est que ces images et ces visuels font partie de
                                                                              notre histoire. D’ailleurs, à ce sujet, nous Marocains
                                                                              sommes, par maints égards, une nation très kitch : la
                                                                              manière dont nous nous habillons, les étalages dans
                                                                              les vitrines de magasins etc. Et ce que j’aime juste-
                                                                              ment c’est de jouer sur ce kitch, de le réinterpréter
                                                                              pour en faire quelque chose de plus In.

                                                                               Au sujet du rôle central de la femme dans
                                                                              votre œuvre, notamment dans la série
                                                                              “Kech Angels”, il peut  être troublant,
                                                                              notamment pour le regard d’un occidental,
                                                                              de voir des femmes voilées mais en même
                                                                              temps, très fortes, très autonomes juchées
                                                                              sur leur moto en mode « Bikers » ?
                                                                                 Concernant le voile, vous remarquerez que dans
                                                                              mon travail il s’agit plus d’un “Litham” que d’un voile.
                                                                              Ils sont par ailleurs colorés et portent de multiples
                                                                              motifs. Ce n’est donc pas un élément d’oppression
                                                                              de la femme. La manière dont je fais le portrait de
                                                                              ces femmes c’est une façon de dire qu’il ne faut
                                                                              pas tout amalgamer. Qu’il y a eu de tout temps, au
                                                                              Maroc, une tradition pour les femmes de porter
                                                                              le foulard, le Litham, le Haïk etc. Ma grand-mère
                                                                              portait un Litham quand elle sortait dans la rue.
                                                                              Ce n’est que suite aux évènements du 11 septembre
                                                                              2001 que les choses se sont crispées et cristallisées
                                                                              notamment autour de symboles tels que le voile. En
                                                                              ce qui me concerne, ce sont à ces femmes fortes

                                                                              et fières que je veux rendre hommage dans mon
                                                                              travail.
                                                                              Vous avez récemment présenté votre fi lm,
                                                                              “Un jour dans la vie de Karima”, à New
                                                                              York et à Los Angeles. Comment le public
                                                                              américain a-t-il accueilli votre travail?
                                                                                 Mes liens avec les Etats-Unis remontent aux
                                                                              débuts des années 1990. J’envoyais à des clients
                                                                              là-bas des vêtements de ma collection mais égale-
                                                                              ment des marques de Street-Wear telle que celle
                                                                              de Stussy ainsi que des disques vinyles de Hip
                                                                              Hop. Dans ma jeunesse, j’ai été fortement infl uencé
                                                                              par des artistes américains ainsi que des gens qui
                                                                              sont considérés comme les fondateurs du mouve-
                                                                              ment Hip Hop. Cela, à l’image de Fab 5 Freddy, le
                                                                              créateur sur MTV de la première émission dédiée
                                                                              à ce mouvement : « Yo MTV Rap ». C’est ainsi que
                                                                              lorsque j’ai été invité à New York pour présenter
                                                                              mon film, j’ai eu l’une des plus belles surprises de

                                                                              ma vie lorsque c’est Fab 5 Freddy en personne
                                                                              qui a accepté de présenter la soirée de l’avant-
                                                                              première de « Un jour dans la vie de Karima » ! Le
                                                                              film a été ovationné par le public et cela a été une

                                                                              grande source de joie que mon travail soit compris
                                                                              et apprécié là-bas.
                                 Tiger Matches.                   Fez Hats Set.

                                                                                   Août-Septembre   2015    VH magazine   41
   35   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45