Page 71 - VH Magazine N°191 - Juillet - Septembre 2021
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de verre. Un jour, j’ai dû jouer
seul avec une caméra en face
de moi. Ça me paralysait avant.
On se sent agressé. J’ai compris
que c’était une amie, à qui on
peut se confier. Mon rapport à la
caméra a changé. C’est mainte-
nant une complice.
Avec tout ce travail et cette
implication, avez-vous eu du
mal à sortir du rôle plus qu’un
autre ?
Non, pas du tout. Je n’ai jamais
de mal à sortir d’un rôle. Tous
les rôles me nourrissent à
chaque fois. De tas de choses.
Ça s’emplie dans ma personne.
Ce sont plutôt des choses inté-
ressantes. Ce qui m’arrive en ce ment tendu intérieurement que je
moment, c’est que cette famille me suis déplacé trois côtes…Mais
me manque. Il y a des choses cela reste de bons souvenirs.
violentes comme des choses
belles dans cette famille. C’est Est-ce que la prise de risque
une famille qui me manque, ce fait partie du métier ou de la
film me manque. vision que vous avez de votre
métier ?
Est-ce que vous sortez Je n’aime pas le confort. J’adore
enrichi de ce film qui a tout composer, me transformer. C’est
l’air d’être une aventure un peu le plaisir de ce métier. C’est
humaine plus qu’artistique pour ça que je le fais et je fais de
ou cinématographique ? vrais choix en effet. C’est surtout
Oui absolument. A 30 000%. Je une question de choix. Je prends
ne sais pas ce que j’ai appris. mon métier très au sérieux, mais
Mais j’ai appris plein de choses. vu cet étang, je me suis tout c’est un plaisir de créer.
Il y a eu tellement d’états, de suite dit qu’il fallait sauter
d’émotions, que je n’avais vécus dedans. Le sauveteur en combi- Les « intranquilles » ne sont
ni dans la vie ni dans le cinéma. naison n’y a pas cru tellement peut-être pas que les bipo-
C’était fort et intense. J’en sors l’eau est froide. Il m’a dit « toi, laires. Est-ce que votre vision
grandi et nourri. tu es un fou». La première fois de l’intranquillité a changé
que j’ai sauté, j’ai eu un choc après ce film ?
il y a plusieurs scènes fortes thermique. Je ne pouvais plus C’est très violent. Cette maladie.
dans ce film surtout la scène respirer. Joaquim m’a reproché Ce qu’elle peut faire à la famille,
de la boulangerie où votre de surjouer alors que j’allais au patient. Mais je trouve que
personnage ne veut pas mourir ! (Rires). Je n’ai pas eu c’est plus intéressant de vivre
porter le masque. Est-ce qu’il de scènes difficiles, j’ai eu des dans l’Intranquillité que dans la
y a eu des scènes difficiles à scènes intenses. Là où je peins, platitude. Je ne souhaite pas que
jouer ? dans cet état maniaque qui a les gens soient mal mais c’est
Celle-ci a plutôt été drôle à faire… duré 25 min. Il fallait que je sois plus riche quand on se bat, quand
(Rires). La scène de l’étang. intense. J’y vais très fort. A la fin on résiste plutôt que de fuir ou de
Je l’ai proposé à Joaquim. J’ai de cette scène, je me suis telle- laisser tomber.
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