Page 82 - VH Magazine N°192 / OCTOBRE & NOVEMBRE 2021
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dolce vita  I I  C’est quoi ton métier ?







             Sanaa El Younsi Responsable du Patrimoine & des actions culturelles

            “ Travailler dans l’arT eT

            la culTure demande beaucoup


            de paTience ”






            Fée de la culture, riche d'une connaissance artistique poussée, sanaa el Younsi vit d'art
            et d'eau Fraîche. plongée dans les collections d'oeuvres, dans les expositions, dans
            les évènements culturels, la jeune marrakechi vit de sa passion. comment en est-elle
            arrivée là ? réponses.      Par JihanE BougrinE






            Comment  pourriez-vous  le  processus  de  création  est  Est-ce une passion depuis
            décrire votre métier ?        souvent le même, ce n’est que  toujours ?
            Comme a dit Confucius : "Choi-  l’expression qui change. Dans  C’est plutôt une passion qui s’est
            sissez un travail que vous aimez  le cas où l’artiste est décédé, il  alimentée à travers les années
            et vous n'aurez pas à travailler  faut apprendre à le connaitre à  et les projets. J’avoue que j’étais
            un seul jour de votre vie."   travers son œuvre, ses archives,  très  gourmande,  et  je  voulais
            Cela ne veut pas du tout dire, que  sa famille et les personnes qui  tout faire, le sport, la musique, le
            mon travail n’est pas exigeant  l’ont côtoyé et là aussi la respon-  théâtre, etc. Je suis née dans une
            mais quand il s’agit de passion  sabilité est énorme, car il s’agit  famille qui a toujours su valoriser
            on  ne  compte  pas.  Travailler  simplement de sa mémoire, une  et respecter l’art. Mon feu papa,
            dans l’art et la culture demande  mémoire qu’il faut célébrer.   nous récitait beaucoup de poésie
            beaucoup de patience, on est  Dans  nos  métiers  il  faut  et nous chantait les chansons de
            amené  à  dépenser  beaucoup  respecter  la  création  dans  Abdelhalim Hafez, Oum Kaltoum,
            d’énergies à tous les niveaux, des  toutes ses dimensions au point  Abdelwahab Doukkali, Abdelhadi
            fois même plus émotionnelles  de la conserver dans le but de  Belkhayat et d’autres et dans les
            que physiques. Il faut savoir être  la transmettre aux générations  grandes réunions familiales, mon
            un couteau suisse, car dans ces  futures, ces créations constit-  oncle était notre chef d’orchestre
            métiers rien n’est impossible,  uent une trace et une iconog-  avec son luth et sa belle voix. Mes
            il  faut  anticiper  et  toujours  raphie  de  l’histoire.  Et  c’est  parents  ont  toujours  tenu  de
            trouver des solutions. Dans le  toujours plaisant d’apprendre  nous inscrire dans les activités
            cas ou l’artiste est vivant, On doit  sur l’histoire d’un lieu ou d’un  parascolaires, pour eux c’était
            savoir l’écouter, le comprendre,  pays à travers son histoire de  essentielle pour notre construc-
            se mettre à sa place, mais aussi  l’art.                   tion, ils avaient toujours respecté
            avoir  la  capacité  de  pénétrer  Enfin, dans nos métiers on est  nos choix du moment qu’on les
            dans son intimité intellectuelle  entouré du beau, des fois on  assumait. Ayant grandi dans la
            une  fois  c’est  permis,  il  faut  perd même les notions de la  Médina de Marrakech, Ils nous
            surtout respecter cette intimité  réalité mais ce n’est pas plus  laissaient pas jouer dehors mais
            et ne pas l’enfoncer, quelque  mal car c’est ce qui nous donne  ce n’était pas grave s’il s’agissait
            soit la discipline artistique, car  la capacité de continuer.  d’aller s’entrainer ou répéter.



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