Page 44 - VH Magazine N°110 - Juin 2012
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rencontre le maire de Lyon, Gérard
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                                                                                                   sur les politiques de proximité et de
                                                                                                   démocratie participative. En 2004,
                                                                                                   elle est élue pour la première fois
                                                                                                   conseillère régionale, déléguée
                                                                                                   en charge de la culture. A 27
                                                                                                   ans, elle est alors la benjamine du
                                                                                                   conseil régional de Rhône-Alpes. En
                                                                                                   2006, Gérard Collomb, qui juge
                                                                                                   qu’elle « fait face aux épreuves
                                                                                                   avec intelligence et sang-froid »,
                                                                                                   la présente à Ségolène Royal, dont
                                                                                                   elle devient la porte-parole pour la
                                                                                                   campagne présidentielle de 2007,
                                                                                                   aux côtés d’Arnaud Montebourg et
                                                                                                   Vincent Peillon. Avec ses cheveux à
                                                                                                   la garçonne, son style simple, son
                                                                                                   charme et son air assuré, elle crève
                                                                                                   l’écran, même s’il est encore un peu
                                                                                                   tendre. En 2011, elle reste fi dèle à
                                                                                                   Ségolène Royal lors des primaires
                                                                                                   socialistes puis, « disciplinée et
                                                                                                   légitimiste », rejoint l’équipe de
                                                                                                   porte-parole du vainqueur, avec
                                                                                                   Delphine Batho, Bruno Le Roux
                                                                                                   et Bernard Cazeneuve. C’est elle
                                                                                                   qu’on verra le plus, et de loin,
                                                                                                   en chauffeuse de salle dans les
                                                                                                   meetings du candidat socialiste et
                                                                                                   sur les plateaux télé, faisant cette fois
                                                                                                   preuve d’une grande pugnacité, au
                                                                                                   point même de se faire gentiment
                                                                                                   recadrer par François Hollande
                                                                                                   après avoir accusé Nicolas Sarkozy
                                                                                                   d’être « un mélange de Berlusconi
                                                                                                   et Poutine ». Son apport n’a pas
                                                                                                   été que médiatique puisqu’elle
                                                                                                   a aussi contribué à la réfl exion
                                                                                                   du candidat sur la démocratie
                                                                                                   participative ou l’égalité des droits
                                                                                                   pour les couples homosexuels.
                                                                                                   Le désormais président de la
                                                                                                   République ne tarit pas d’éloges
                 Najat Vallaud-Belkacem                                                            à son sujet, confi ant au magazine
                                                                                                   Elle que, « outre sa connaissance
                 ICÔNE DE « L'INTÉGRATION HEUREUSE »                                               du terrain et des dossiers », il la
                                                                                                   juge ambitieuse, dans le bon sens
                                                                                                   du terme : « Elle aime réussir, sans
                    e pas se fi er à la juvénilité   de la République » et un exemple   à son épouse, la députée socialiste  arrogance, sans écraser personne ».
                    de sa silhouette et à la   d’« intégration heureuse ». Elle est   de l’Oise, Béatrice Marre. Najat   Mariée à un haut fonctionnaire,
                 N fraîcheur de son sourire :   née le 4 octobre 1977 à Beni   Belkacem, encore étudiante,   et mère de jumeaux, membre
                 Najat Vallaud-Belkacem a dix   Chicker, dans le Rif, dans une   devient en 2000 son assistante   du Conseil de la communauté
                 ans d’expérience politique et   famille de sept enfants. Elle a quatre   parlementaire. « Elle était intéressée  marocaine à l'étranger, elle refuse
                 de la pugnacité et de l’aplomb   ans quand la famille rejoint le   et très travailleuse », se remémore   d’être réduite à une « caution de
                 à revendre. Sa nomination, le   père, immigré économique devenu   l’élue. Poussée par « un vrai   la diversité », comme Rachida Dati
                 16 mai dernier, comme ministre   ouvrier dans le bâtiment en France.   sentiment de culpabilité » après la   en 2007, concédant cependant :
                 des Droits des femmes et porte-  Naturalisée à l’âge de 18 ans,   qualifi cation de Jean-Marie Le Pen   « que je le veuille ou non, j’ai une
                 parole du gouvernement français   elle a la double nationalité franco-  au second tour de la présidentielle   responsabilité particulière, avec
                 couronne un parcours sans faute   marocaine. Licenciée de droit,   en 2002, Najat adhère au Parti   trois caractéristiques trop rares en
                 de la part de celle qui se défi nit   elle entre à Sciences-Po, où son   socialiste, en ligne avec sa « volonté  politique, à la fois jeune, issue de
                 elle-même comme un « pur produit   professeur de droit la recommande   de justice sociale ». En 2003, elle   l’immigration et femme ». „


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