Page 51 - VH Magazine N°114 - Novembre 2012
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DOSSIER I I « Marocain, Chkoun N’ta? »
L’Islam au Maroc n’est pas que le fait des Arabes
Islamisation d’abord
Il ne faut pas confondre le sillage des vaillants mais peu fait du judaïsme et du christianisme, Dans les campagnes, c’est la
islamisation et arabisation. En nombreux conquérants musulmans, qui embrassent de leur propre chef conversion des chefs de fédérations
effet, contrairement à ce que nous tels les Aouraba venus de l’Est ou sous l’impulsion de prosélytes importantes qui répandit l’Islam dans
ont appris nos manuels scolaires pour s’installer dans le Zerhoun où la religion du dernier prophète. le peuple. Les contingents berbères,
d’histoire, l’Islam au Maroc ne fut ils soutiennent Moulay Driss et le Et encore... L’islamisation et la conduits par ces chefs dans de
pas le fait des conquérants arabes proclament Imam. L’arabisation par toute première arabisation furent fructueuses conquêtes faites au
venus, sabre au clair, porter le
message du Prophète ou celui
d’un de ses descendants esseulés,
fuyant la vindicte des Abassides
et se réfugiant à Zerhoun d’où
il soumet les tribus berbères. Si
islamisation de la contrée la plus
éloignée du foyer initial de l’Islam il
y a, c’est d’abord celle opérée par
des Berbères orientaux, zénètes
pour la plupart, venus des plaines
libyennes, de Kairouan et des
montagnes algériennes. A cela
s’ajoute l’influence des ribats des
moines guerriers et des prosélites.
Deux facteurs combinés qui vont
introduire l’Islam au Maroc quatre
siècles avant l’arrivée en masse
de tribus arabes. En effet, à
l’avènement de l’Islam, beaucoup
de chefs zenata des plaines
libyennes, de Tunisie et d’Algérie, C’est à Zerhoun que les Aourabas, tribu zénète d’Orient s’installent et accueillent Idris 1er qu’ils proclameront Imam.
ont été islamisés par Othman
nom de l’Islam, furent amenés tout
naturellement à la conversion. La
réussite de la conquête andalouse
fera le reste.
Hachim rappelle à ce sujet
que : « Pour gagner le cœur
des populations dans les villes
et surtout les campagnes, les
missionnaires musulmans eurent
recours à l’exemple. C’est ainsi qu’il
y eut l’essor du ribat. Ce couvent-
forteresse occupé par des moines-
soldats toujours prêts à défendre
la terre d’Islam contre les infi dèles
ou les hérétiques et s’instruisant
aux sources de l’orthodoxie la
plus rigoureuse. Ces m’rabtines
Les Zénètes, premières tribus berbères arabisées, envahissent le Maroc. savent, le cas échéant, devenir des
réformateurs zélés et effi caces.
la langue et, de manière relative, d’abord citadines. La religion des Ce fut, entre autres, l’histoire d’Ibn
par le sang, n’aura lieu qu’au 6e/12 conquérants s’implanta dans les Toumert, fondateur du mouvement
Othman ben Affan islamise les Zénétes d’Orient. siècle par le fait des Bédouins Beni villes anciennes que visitaient des almohade. Ce fut aussi l’histoire de
Hilal et Béni Soleïme. Soit... cinq missionnaires guerriers puis des ceux qui, parmi les Lemtouna, avaient
Ibn ‘Affan et sont restés alliés aux siècles après la dernière campagne docteurs, voyageurs rompus aux fondé un ribat près du Sénégal, à
Omeyyades au point de s’assimiler arabe de Oqba Ibn Nafiî sur discussions théologiques. La création l’origine de l’empire Almoravide, qui
complétement à eux. Certains l’Afrique du Nord et quatre siècles de villes nouvelles, véritables centres leur doit son nom (Al-morabitin) ».
groupes zénata ont participé aux après l’arrivée de Moulay Driss à religieux, comme Kairouan, première Lorsque l’Islam fut condamné à
conquêtes d’Espagne où ils se sont Zerhoun. C’est dire que, durant ces fondation musulmane (670), et Fès, une politique « défensive », le ribat
établis. C’est le cas de Tarik Ibn siècles-là, ce sont les Berbères création d’Idriss II (809), contribua à militaire protégea le littoral contre
Ziad qui, par la suite, ralliera Damas. eux-mêmes, jusque-là sensibilisés implanter solidement l’Islam aux deux les incursions des Portugais et des
D’autres sont entrés au Maroc dans aux religions monothéistes par le extrémités du Maghreb. Espagnols.
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