Page 66 - VH Magazine N°114 - Novembre 2012
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pour toute personne de couleur des relations commerciales avec détaillée par Ibn Khaldoun, Hassan
noire. Mais étymologiquement, le Soudan, le Niger et Carthage. avait cinq fi ls qui allaient donner
elle renvoie à ceux originaires Les Zenata règneront durant naissance à plusieurs tribus : c’est dans le
du Draâ. Une population noire un siècle sur le Maroc et, plus Abd-er-Rahman (ancêtre des
sédentaire dont la légende fait tard, donneront naissance à la Rhamna), Oudey (ancêtre des Draâ, suite aux
remonter les origines à Noé. dynastie des Mérinides, puis des Oudaya), Dlim (ancêtre des Oulad
Initialement animistes, les Drawa Wattassides. Dlim), Hammou (ancêtre des perturbations
auraient adopté le christianisme, Autres habitants du Sahara, Brabech), Obayd-Allah (ancêtre économiques du
probablement sous l’infl uence installés dès 1308, les fameux notamment des Oulad Damane)…
des chrétiens d’Abyssinie, les Arabes Béni Hilal et Béni Souleim, Les Bédouins arabes participent commerce
Habchi. Fondateurs de l’Ethiopie, suivis des Maakîl yéménites, arrivés aussi au commerce transaharien,
ils seraient arrivés au Draâ dans par vagues successives depuis le tout en remontant au Souss prêter transaharien
les temps anciens et bâtirent créées par la
Zagora, siège de leur Royaume
au 10e siècle av. J.C, avant d’être pénétration ibères
christianisés puis islamisés avec la sur le littoral
conquête. Les liens avec l’Ethiopie
subsistent avec la présence du marocain que
nom dans plusieurs groupements,
tels les Habbacha d’Oulad Hriz, seront proclamés
dans la plaine de la Chaouia, ou les Saâdiens,
les Habbacha, faction de Merchraâ
Bel-Qsiri, dans le Gharb. dynastie arabe
Dans le sillage des Ethiopiens arri- Dinar mérinide frappé à Fès, El Mountasir
vent aussi des peuples originaires Mohamed Ben Abou El Abass Ahmed Dinar saadien frappé à Marrakech, à laquelle
Abou El Abas Ahmed Mansour Dahbi
d’Arabie. Hachim écrit à ce sujet : (786 - 788 H ). Collection privée. (896 - 1012 H ). Collection privée. succèdera par la
« Les liens humains entre le Maroc
et le Yémen, favorisés par la voie XIe siècle. A leur sujet, Hachim main forte, au gré des alliances, suite celle des
du désert, semblent évidents si écrit dans son Dictionnaire des aux chefs des tribus berbères.
l’on considère les ressemblances noms de familles du Maroc, sous C’est dans le Draâ, suite aux Alaouites.
notables relevées par les cher- le patronyme « Hassani » : « De perturbations économiques du
cheurs, que ce soit sur le plan leurs fi liations seraient issues les commerce transaharien créées par
de l’agriculture (en terrasse) ; tribus Hassan qui indiquent leur la pénétration ibère sur le littoral
des systèmes d’irrigation ; de
l’architecture des qsour ; des arts
traditionnels… » Des liens qui Ville de Chenguiti, dans l’actuelle Mauritanie.
remonteraient selon les légendes
rapportées par les historiens du
Yémen, bien avant l’avènement
de l’Islam puisqu’il est dit que
l’un des rois du Yémen, nommé
Ifrikos, aurait conquis le Maghreb
et y aurait fondé des villes et des
villages avant de laisser quelques
tribus confondues depuis, avec les
tribus berbères. » Parmi ces tribus,
les Senhaja (en amazigh, Iznagen,
Zenaga), que nous avons précé-
demment cités comme étant une
des trois grandes tribus berbères
du Maroc. En 1056, sous l’ins-
piration de leur chef religieux,
Abd-Allah ben Yacine, les Sanhaja
fondent le mouvement almoravide
et règnent jusqu’en 1147 sur un
empire qui s’étendait du fl euve
Sénégal à l’Andalousie et de l’At-
lantique à Alger, avec Marrakech
pour capitale ».
Les principaux rivaux des Senhaja
sont les Zenata, Berbères d’origine descendance du guerrier Hassan marocain, que seront proclamés les
libyenne qui, au Sahara, peuplent ben Mokhtar ben Mohamed ben Saâdiens, dynastie arabe à laquelle
la région entre Ghadamès et Oued ‘Aqîl ben Ma‘aqil. succèdera par la suite celle des
Saoura. Eux aussi entretiennent Selon la tradition généalogique Alaouites.
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