Page 20 - VH Magazine N°187 - Novembre & Décembre 2020
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vh express  I I  Il était une fois dans VH


            du Shah d’Iran était très important.
            Sa Majesté Hassan II m’a dit d’aller le
            voir pour lui dire que sa présence était
            indispensable à la Conférence. J’avais
            lié une amitié avec Zahedi, le ministre
            des Affaires étrangères iranien, le fils
            du général qui avait renversé Mossadeq
            et qui était également l’ancien gendre
            du Shah. Je suis allé voir ce dernier en
            disant qu’on ne pouvait concevoir une
            Conférence islamique sans la présence
            de l’Iran. Il m’a répondu : « si ça a lieu à
            Jeddah, je n’y assisterai pas. Mais si ça
            se déroule à Rabat, je serai présent ».
            Je suis donc allé voir le Roi Fayçal, qui
            se trouvait à Taëf. L’argument que j’ai
            utilisé était qu’une conférence ayant
            lieu à Rabat permettrait de reconnaître
            la Mauritanie et d’inviter Mokhtar Ould
            Dada à venir. Du temps de Mohamed V,
            Hassan II avait fait une déclaration au
            journal Le Monde, au lendemain de la
            proclamation de l’indépendance de la
            Mauritanie, en disant
            « si j’avais été le Roi, à l’époque, j’aurais
            été le premier à reconnaître la Mauri-
            tanie ». J’ai donc expliqué au Roi Fayçal
            que cette conférence était une occasion
            rêvée. En fait, il n’avait pas besoin de
            cet argument, c’était un homme d’une
            sagesse extraordinaire. Il m’a dit : « il n’y
            a pas de problème. L’Iran a un poids qui
            rend sa présence indispensable. Dites à
            mon frère Hassan II que s’il veut tenir la
            Conférence à Rabat, je serai le premier
            à apporter mon soutien à cette propo-
            sition ». A la suite de cela, il y a eu une                        à avoir envoyé des jeunes cadres comme
            conférence préparatoire de dix ministres                           ambassadeurs.  Et  puis  je  voulais
            arabes et islamiques des Affaires étran-                           travailler avec des gens qui aient le
            gères pour dresser la liste des invités                            même état d’esprit que le mien. Il faut
            et l’ordre du jour. Le problème s’est                              dire qu’à l’époque, le Conseil écono-
            posé, à l’époque, de savoir s’il fallait   Hassan II l’a retenu deux jours. Puis   mique du gouvernement, qui réunissait
            inviter l’Inde, qui comptait 130 millions   il y a eu la reconnaissance officielle,   simplement les ministres économiques
            de Musulmans. Il y a eu un clash qui a   l’échange d’ambassadeurs et le premier   et le Premier ministre, avait du travail
            failli faire capoter la conférence, entre le   qu’il a envoyé comme ambassadeur   sur la planche et se réunissait tous les
            Pakistanais et le représentant de l’Inde.   était Kacem Zhiri, qui faisait partie du   quinze jours pour faire des propositions
            J’ai donc dû demander à celui-ci de   comité exécutif de l’Istiqlal.  à Sa Majesté qui nous réunissait tous
            quitter la conférence. J’ai fait une confé-                        les mois.
            rence de presse pour expliquer la situa-  A votre nomination comme
            tion. J’avais même ajouté le terme de   Premier  ministre,  on  voit  Racontez-nous  les  événe-
            « persona non grata ». Quand Ould Dada   beaucoup de jeunes arriver  ments de Skhirat.
            est arrivé à la conférence, Sa Majesté   aux responsabilités.      Il était à peu près 14h10 lorsque la
            était sur le tarmac pour l’accueillir.   C’est exact. J’ai voulu promouvoir des   première salve de mitraillettes a éclaté.
            Abdelhadi Boutaleb est descendu avec   jeunes. J’avais déjà commencé aux   Nous étions à table avec des amis du
            lui en voiture Après la conférence,   Affaires étrangères : je suis le premier   Roi, dont Habib Bourguiba Jr. Le Roi est


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