Page 19 - VH Magazine N°187 - Novembre & Décembre 2020
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En 1958, la France a envoyé l’ambassadeur
Alexandre Parodi, qui avait la dignité d’Am-
bassadeur de France. Il est venu porteur
d’un message du général de Gaulle, disant
que la France était disposée à ouvrir des
négociations sur les frontières au-delà de
Figuig. Mais certaines personnes au gouver-
nement ont dit à Sa Majesté Mohamed V :
« vous avez reconnu le gouvernement provi-
soire de Ferhat Abbas. Ce serait donner
un coup de poignard dans le dos de Ferhat
Abbas et du gouvernement algérien que
de procéder à l’ouverture des négociations
avec la France ». Ces mêmes personnes
ont fait appel au gouvernement de Ferhat
Abbas. Il est venu et nous nous sommes
réunis à Mohammedia, sous la présidence
de Mohamed V, à l’hôtel Miramar. C’est
là qu’a été signée une déclaration stipu-
lant que les frontières héritées du colo-
nialisme ne seraient pas opposables au
Maroc. Nous avons tenu à faire cela parce
que la conférence de l’OUA qui s’est tenue
à Addis-Abeba, en 1963, avait décidé dans
sa charte de l’intangibilité des frontières
coloniales. Et lorsque la Charte de l’OUA a
été adoptée, nous avons fait une réserve en
ce qui concerne cette clause. Quand Abbas
a été remplacé par Ben Khedda, celui-ci est
venu avec toute l’équipe gouvernementale
et a confirmé l’accord sur les frontières
signé par son prédécesseur. Mais ils n’ont
pas tenu parole.
Ensuite, vous avez été nommé
Premier ministre. Comment cela
s’est-il déroulé ?
Je ne m’y attendais pas du tout. Je pense
que je le dois au fait que la première Confé-
rence islamique a eu lieu au Maroc. Après
l’incendie de la mosquée Al-Aqsa, le Roi
Fayçal avait lancé un appel aux musul-
mans. Sa Majesté Hassan II m’a dit d’aller
le voir, ainsi que le Shah d’Iran. Parce que si
la Conférence avait lieu à Jeddah, comme
prévu, le Shah ne serait pas venu, car les
relations étaient alors très mauvaises entre
l’Iran et l’Arabie Saoudite, dans les années
1968 à 1970. Et au cours du voyage officiel
de Sa Majesté Hassan II en Iran, en 1968,
le Shah lui avait demandé d’essayer de
rapprocher les deux pays. Après l’Iran,
nous étions partis à Riyad. Le Roi Fayçal
a raconté à Sa Majesté les problèmes
qui existaient entre eux. Or, le poids
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