Page 49 - VH Magazine N°188 - JANVIER & FÉVRIER 2021

pas que l’on pouvait s’immiscer
dans l’utérus des femmes avec
l’accord des autorités ». Violences
psychologiques en tout genre, les
procédures pour le mariage sont
vécues comme un choc. Surtout
quand il y a refus. « La recon-
naissance de notre mariage a
été rejetée 3 fois. Le tribunal
nous a même demandé d’aller
voir ailleurs, de demander à
d’autres couples comment ils
avaient fait. On a demandé à un
couple d’Américains qui avaient
eu recours à une apostille qui
traduit le mariage américain au
mariage marocain. Cela nous a et adorant la vie de famille a séduit que son intégration dépend de son
coûté une fortune » confie Zina. tout le monde. Il a dû revoir sa statut personnel de résidente fran-
Pour Nadia, plus positive, avec du manière de se tenir devant mes çaise au Maroc depuis des années.
recul : « On a tout de même vécu parents (ne pas me tenir la main Cela n’a rien à avoir avec son
des moments délicats lors des ou m’embrasser) ou de parler mariage. « Nous sommes logés
contrôles de police ou à l’enre- (éviter le langage trop familier). à la même enseigne. On nous
gistrement à l’accueil d’un hôtel. Il a vite compris et l’a accepté. demande, la même attestation
Notre acte de mariage français De son côté, il n’y a eu aucun de mariage à chaque réservation
ne suffisait pas toujours. On problème. Sa famille a l’habitude d’hôtel, même si l’on se présente
avait l’impression d’être parfois de la diversité et du métissage » avec nos enfants ». Pour Farah, la
un couple illégitime. Aujourd’hui, explique Nadia, qui confie qu’au difficulté n’est pas dans le couple
on en rit ». Quant à Ilyass, il vit J’explique quotidien, contrairement à ce que mixte forcément mais dans le choc
la différence au quotidien : « On l’on pense, il n’y a pas vraiment de des classes. « Pour le choc des
vit l’arnaque au quotidien. Dans à chaque difficultés. « Il accepte ma culture cultures, oui des fois on le sens
un parking lambda, on m’a déjà foiS que et l’adopte en ma présence et avec mais en ayant été au lycée Lyautey,
demandé 50dhs parce que ma Je SuiS ma famille. Quand il est dans sa le choc des cultures est là même
femme est blonde et je fais typé famille, il fait ce qu’il veut. Il a quand tu es marocain à cent pour
européen. On ne cesse de nous tombée accepté de donner un prénom cent. Il y a toujours une rivalité
augmenter les prix partout où amoureuSe, musulman à notre fils et de le faire entre le lycée Lyautey et les lycées
l’on va ». circonscrire. A contrario, je dois marocains donc je ne pense pas
que Je accepter de fêter Noël (sapin de que ce soit spécifique aux enfants
lA vIE NORmAlE… n’étaiS noël, père noël...) et fêter Pâques. de couples mixtes ». Pour Nadia,
« De mon côté (musulman), il a paS à la Il y a des ajustements tous les la clef de tout est la confiance et
été très bien accueilli. Au début, recherche jours, mais on arrive à trouver une la communication. « Nous faisons
ils avaient des préjugés du fran- solution très facilement. Aucun de chacun des concessions. Je ne vais
çais «irrespectueux envers la d’une nous n’est catégorique, on fait des pas te cacher que c’est souvent lui
famille», «coureur de jupon», « se nationalité efforts pour permettre à l’autre qui cède, mais les fondements de
sentant supérieur aux arabes». de se sentir bien. Je trouve que l’éducation sont très semblables
Il a été tout le contraire. Il avait ces deux cultures sont complé- dans ces 2 cultures : la politesse,
besoin de se sentir utile et aimé mentaires et non opposées. En la propreté, l’éducation. Notre fils
par ma famille. Il l’a exprimé discutant avec des amis de culture se sent marocain quand il est chez
clairement ce qui l’a beaucoup non mixte, j’ai l’impression qu’ils ses grands-parents marocains et
aidé. Il est de nature simple et vivent les mêmes ajustements au il se sent français quand il est chez
accessible. Son côté papa poule quotidien ». Pour Marie, il est clair grands-parents français. Rien n’a

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