Page 59 - VH Magazine N°191 - Juillet - Septembre 2021
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narratiOn sans émOtiOn
Le casting faisait peur pourtant. On Léa Seydoux et Adrian Brody forment cette jeunesse française fiévreuse,
s’attendait à trop de strasses et pas un trio succulent, plein de sarcasme, ces soixante huitards qui voulaient
assez de paillettes dans les yeux. Ce de candeur et de folie. D’ailleurs ce changer le monde. Wes Anderson
n’est pas le cas. Les acteurs sont chapitre est surement le plus réussi ose tout, les couleurs, le noir et
formidables et chacun est à sa place. et le plus marquant, dans le jeu, blanc, les plans rapprochés, laisse sa
Des grands jouent le jeu caméra se balader pour
en se contentant d’une nous offrir une des plus
scène ou deux comme belles mise en scène de
Edward Norton, Cécile l’année. Il est ce maestro
de France, Guillaume qui jongle avec la narra-
Gallienne. Bill Murray en tion. Peut-être même un
rédacteur en chef blasé, peu trop. Parce qu’avec
d’une rédaction qui se cette leçon de style,
meurt puisque le papier Wes Anderson oublie
est dépassé, est entouré une chose essentielle :
d’une équipe de tonnerre l’émotion. Wes Anderson
: Frances McDormand en nous en met plein la vue !
reporter solitaire, Tilda On sort du film stupéfait
Swinton en modéra- mais pas grandit. Nos
trice acharnée, Elisa- yeux ont profité de la
beth Moss en rédactrice beauté du travail, mais
dévoué que l’on voit à peine. Un dans la propositions de segments l’âme n’a pas été touché. Dilemme
hommage à la presse et à l’ennui et de tableaux, dans l’histoire. On entre le cœur et la raison… A qui
présenté sur plusieurs sujets, d’un est séduits aussi par le duo Timo- l’emporte ? Surement pas l’ennui.
dernier numéro. Benicio Del Toro, thée Chalamet et Lyna Khoudri en Sommes-nous blasés ?