Page 60 - VH Magazine N°191 - Juillet - Septembre 2021
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dOssier i i  Festival de Cannes 2021





















            “BOnne mèRe”,
            hOmmage sensiB


            Le aUx héROines

            dU qUOTidien









            dans “bonne mère”, L’aCtriCe hafsia herzi Confirme ses taLents de   de liberté, même s’ils sont en cage.
            réaLisatriCe. un fiLm qui a ému Cannes, présenté dans La seCtion   Parce qu’en faisant le ménage, Nora
            “un Certain regard”. standing ovation.                             est prisonnière de ses enfants qu’elle
                                                                               ne voit pas évoluer ou sortir du cocon
                   n sujet vu et revu ? Peut-être.  Dignement à l’image de ce film porté  familial. Un est en prison pour trafic de
                   Hafsia Herzi, pour son deuxième  délicatement par Halima Benhamed.  drogues, l’autre passe son temps à faire
            Ufilm en tant que réalisatrice  La réalisatrice signe un portrait fort de  passer le temps quand la fille chérie à
            nous offre « Bonne Mère », après «  femmes de la cité et soulève la ques-  fait un enfant toute seule qu’elle n’ar-
            Tu mérites un amour ». Un film à la  tion de : “Qu’est ce qu’être une bonne  rive pas à gérer, puisqu’elle est elle-
            fois sensible et sensuel sur une mère  mère?”. Celle qui se sacrifie pour que  même une enfant. Noura s’occupe de
            issue de l’immigration qui tente tant  les enfants trouvent le chemin mais qui  tout en silence. Digne. Comme toutes
            bien que mal de survivre et faire vivre sa  les voit quand même se perdre ?  ces mères de cette génération d’immi-
            famille. Une famille dépareillée. Quand                            grés venues chercher une meilleure vie
            son ainé est en prison, sa fille mère    mise en scène délicate    mais dont les enfants ont mal tourné.
            célibataire est au chômage mais s’essai  Hafsia Herzi fait ce film comme elle  Comment gérer cela quand on a les
            quand même à une sorte de prostitu-  ferait son existence. Elle n’y met aucune  convictions  d’une  sainte  ?  Ne  pas
            tion déguisée alors que le benjamin  prétention, elle filme une mère, proba-  voler, ne pas tricher, ne pas vendre
            passe son temps à jouer aux jeux vidéo  blement sa mère, ou sa tante, ou une de  son corps, ne pas faire rentrer de «
            sans aucune ambition ni perspective  ses voisines. Celles des quartiers Nord  l’argent sale». Entre perte d’identité et
            de carrière. La mère est le socle. C’est  de Marseille, qui sont coincés dans des  quête du bonheur, la jeune réalisateur,
            elle qui enchaine les petits boulots pour  immeubles laids où les ascenseurs  actrice fétiche de Kechiche signe une
            vivre, qui porte tout le poids sur ses  marchent une fois sur deux. Pour-  œuvre à fleur de peau et débordante
            épaules parce que selon elle “Tant que  tant on ne sent pas l’asphyxie de la  d’humanité même si on peut y voir
            je suis debout je resterai solide”. Une  banlieue. L’image est belle, poétique,  certains clichés ou avoir un sentiment
            œuvre juste à la pudeur touchante et  on jour sur les belles lumières, sur les  de déjà-vu . «Bonne mère » vient des
            sensuelle. On retient les larmes tout  rayons de soleil. Les oiseaux sont là  tripes et du cœur. Et ce film touche
            au long et elles finissent par tomber.  pour réconforter. Donner un sentiment  l’âme. C’est tout ce qui compte.



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