Page 61 - VH Magazine N°191 - Juillet - Septembre 2021
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nadav LaPid vOmiT sa haine

            d’isRaëL à cannes









            dans son dernier opus, Le réaLi-
            sateur de taLent, nadav Lapid
            met une CLaque à La Compétition
            aveC Le genou d’ahed. un fiLm
            radiCaL mais effiCaCe où iL ne fait
            auCun Compromis. Critique.





                   adav Lapid est un des rares
                   cinéastes du moment, de sa
            ngénération, qui n’a pas peur
            de choquer, de perdre des specta-
            teurs en route, tant son agressivité
            peut déranger, ou mettre mal à l’aise.
            Pourtant le réalisateur de «Le Policier»
            et «Synonymes» interroge la politique
            de son pays, un état d’Israël qu’il trouve
            raciste et dictateur. Il n’y va pas de main
            morte, il se permet même de traiter le
            pays d’assassins dont la politique est
            dangereuse. Il ne le suggère même
            pas, il le dit, il le crie même. Tout est
            pointé du doigt : censure et la conscrip-
            tion en Israël. Une gouvernance qui,
            selon lui, «isole le pays dans le concert
            des nations».
                                              tante Ahed Tamimi, la palestinienne   ses précédents opus. Pour ce film
              un film persOnnel               qui a giflé un soldat israélien, dont il   plus personnel, il est brut et radical.
            Nadav Lapid raconte un réalisateur   semble réadapter l’histoire au cinéma   Puisqu’il ne peut pas faire autrement
            qui vient présenter son film dans un   en cherchant le personnage d’Ahed   pour servir son propos. Pourtant il n’est
            village en plein désert, alors qu’il vient à   en casting. Et puis il y a son histoire   pas brouillon. Au contraire. La mise en
            peine de faire le deuil de sa mère. On ne   avec  l’armée  israélienne.  Le  tout   scène est maitrisée et le jeu d’acteur
            peut s’empêcher de voir une similitude   pointe du doigt la politique du pays   incroyable avec un Avshalom Pollak
            avec l’histoire personnel du réalisa-  qui selon lui est contraire aux libertés   époustouflant. Le film est exigeant et
            teur Israélien qui a déjà été primé à   individuelles. Il critique directement le   sincère, il est le reflet d’un malaise
            Berlin. La directrice de la Bibliothèque   système culturel, l’armé et l’histoire   d’une partie de la population qui n’est
            rattaché au Ministère de la Culture est   tumultueuse avec la Palestine. Le   pas toujours d’accord avec la majorité.
            heureuse de l’accueillir. Lui semble lui   tout en un film expérimental. Puisque   L’image d’une nostalgie d’un avant et le
            en vouloir de faire partie d’un système   Nadav Lapid peut se le permettre. Il fait   mépris de l’horreur de maintenant. Un
            dans lequel il ne se reconnait pas. Un   une proposition cinématographique   film courageux qui ne repartira sure-
            film dans le film et en même plusieurs   des plus authentiques et oublie le   ment pas bredouille d’une compétition
            histoires dont la référence à la mili-  linéaire ou la narration maitrisée de   présidée par Spike Lee…


                                                                            Juillet - Septembre 2021      VH magazine   61
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