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À BÂTONS ROMPUS  I I  Rachid Andaloussi

                  Quelles circonstances ont
                  entraîné le boom de Casablanca
                  au début du XXème siècle ?
                  La ville a connu un développement
                  brusque. Le boom a débuté dans
                  les années 1910 à 1912, quand
                  Casablanca est devenue la capitale
                  de la Chaouia, sachant que la région
                  était le grenier du Maroc au niveau
                  agricole et de l’élevage. Quelques
                  grandes familles marocaines étaient
                  sous la protection de quelques
                  Etats : France, Belgique, Espagne,
                  Angleterre, Allemagne… Toutes ces
                  nations étaient présentes à travers
                  des consulats installés dans l’ancienne
                  médina. Ceux-ci étaient là pour
                  défendre les intérêts de leur Etat, mais
                  aussi ceux de leurs protégés. Car le
                  Maroc était le seul pays d’Afrique du
                  Nord à ne pas fi gurer dans la carte du
                  partage du monde. Il faisait l’objet des
                  convoitises de l’Espagne, de la France,
                  de l’Angleterre au nord. On pensait
                  que le Maroc avait du pétrole, puisqu’il
                  y en avait en Algérie, ce qui suscitait
                  de grands appétits. Puis la France est
                  entrée de manière violente à travers
                  le bombardement de la médina en
                  1907. Pourquoi Casablanca ?
                  Parce qu’il y avait un port naturel,
                  une darse. A cette époque, le pouvoir
                  central, le Mahzen, s’était affaibli. La
                  France est donc venue défendre ses
                  intérêts. Deux familles allemandes, les
                  Mannesmann et les Finck, détenaient
                  alors de nombreux territoires : elle
                  les a expropriés. On était dans une
                  époque de tensions entre grands
                  pays colonisateurs, d’autant que
                  les grandes puissances étaient
                  gouvernées par des militaires. Le
                  Maroc était un prolongement du confl it
                  qui les opposait. C’était la course au
                  minerai, au territoire… Finalement, la
                  conférence d’Algésiras a départagé les
                  choses. A partir de là, Casablanca a
                  connu une extension rapide.

                  Cette extension et cet affl ux de
                  population étaient-ils contrôlés ?
                  Dans un premier temps, ça a été
                  le cas. Il y a plusieurs vagues
                  successives d’immigration. La
                  première a été composée de
                  militaires, de quelques aventuriers,
                  quelques voyous… Progressivement,
                  à la demande, les spécialités



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