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CASABLANCA 1920 -1970 I I  Quartier européen



                     Les passants admirant les vitrines des Galeries Lafayette.



































                  NULLE PART COMME À CASABLANCA
                  NULLE PART COMME À CASABLANCA
                  Pour tous, la vie dans le quartier                                              on les vendait. Avec ça, on allait
                  est heureuse et insouciante.   Les belles américaines sillonnent le boulevard de la Gare.  s’acheter des glaces chez Oliveri.
                  « Mon père travaillait à la                                                     Avec les copains musulmans,
                  Banque commerciale, raconte                                                     je jouais au football et avec les
                  Mohamed Khattab. Dans notre                                                     copains juifs, au volley : j’ai joué
                  immeuble, j’avais des voisins                                                   au club de Charles Netter où, à
                  juifs, les Amzallag, les Dahan,                                                 l’époque, j’étais le seul musulman
                  les Benayoun…, et une famille                                                   et avec lequel j’ai remporté un
                  française, très gentille. Le mari était                                         championnat du Maroc. » « Ça
                  le correspondant de Paris-Presse                                                a été une période de joie de
                  L’Intransigeant. C’était une vie en                                             vivre, conclut Patrick Suissa. Les
                  communauté. On mangeait dans                                                    gens se levaient le matin en se
                  tous les appartements, on jouait                                                demandant quelle fête il y avait le
                  les uns chez les autres. Quand   Médina, rue de Mogador. Quand   Ça nous poussait à travailler !   soir. Le dimanche, ils allaient à des
                  on allait quelque part, c’était à   nous avions suffi samment de   Nous allions au cinéma le samedi   thés dansants où ils amenaient
                  la plage, autrement on restait   bons points, on nous distribuait   soir. J’aimais les westerns, les   les gosses. Nulle part au monde
                  dans le quartier. On se retrouvait   des places de cinéma. Ceux qui   fi lms de Spartacus, de Maciste.   les gens n’ont vécu comme à
                  dans les escaliers et dans la rue.   avaient les meilleures notes avec   Quand on n’avait pas d’argent, on   Casablanca dans les années
                  J’allais à l’école dans l’ancienne   des tickets pour le cinéma ABC.   ramassait les bouteilles vides et   1950. »






















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