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Brasserie la Presse, 1938.


                    Rue du Jura dans les années 50.
                                                                                                            Un mariage au Maârif.


                                                                                           Terminus TAC n°7, bd Jean Courtin (Brahim Roudani).










                    LES LIEUX DE VIE


                  L’ambiance du quartier est gaie, joviale et   égayait même les murs ». Marcel Cerdan,   qui y régnait quand les Italiens et les Espagnols
                  enjouée. L’un des membres du site du M.A.S.,   puisque c’est de lui qu’il s’agit, bien qu’ayant   y vivaient encore. Le journaliste Idriss El Khoury
                  dont le pseudonyme est « Maârif 10 », rappelle   grandi dans le quartier voisin, Cuba, s’entraînait   évoque lui aussi avec nostalgie les cinémas
                  qu’en matière de cafés, le quartier était servi.   dans une salle de sport du Maârif. Celle de   (Familia, Rex, Mondial, Monte-Carlo) et les
                  « Sur le boulevard Danton, il y avait le Val   Lucien Rouppe, un entraîneur mécanicien qui   cafés de sa jeunesse... Il regrette ces Espagnols
                  Fleuri ; rue des Alpes Le Petit Vin Blanc » ;   avait aménagé une salle de sport au-dessus   très simples dans leur vie quotidienne et qui, au
                  boulevard Jean Courtin, Le Terminus, dont le   de son garage. Marcel Cerdan, marqué par le   moment du crépuscule, sortaient leurs chaises
                  nom coïncidait avec le terminus du trolley n°7.   cosmopolitisme du Maârif, dira à son sujet :   devant leur maison et conversaient. « Le voici
                  Sur le même trottoir, il y avait le Café central,   « La mer était toute proche et les pêcheurs   (le Maârif) qui émet son râle d’agonie, malgré
                  géré par deux sœurs. À ce sujet, Maârif 10   étaient nos amis et nos voisins. J’ai côtoyé là,   les fards grossiers qui souillent son visage. »
                  raconte : « Il en est passé des champions dans   indistinctement, les Arabes et les Espagnols ».   Le Maârif fut aussi l’un des berceaux du
                  ce café, à commencer par notre champion   Plus tard, l’écrivain Mohammed Zaf-Zaf qui   mouvement ouvrier casablancais. On l’appelait,
                  du monde de boxe. Celui qui, par son sourire,   vécu 30 ans au Maârif, regrettera l’ambiance   à juste titre, la « Commune libre du Maârif ».


                    LA DIASPORA MAÂRIFIENNE DANS LE MONDE



                      Dernier bal au Cercle des Italiens (décembre 1966).              « Toi tu iras en Amérique, toi tu iras au
                                                                                       Canada, toi tu iras en Espagne, toi tu iras à
                                                                                       Tahiti (moi par exemple ! Ce que je n’aurai
                                                                                       jamais cru... et pourtant !). Et qui sait ce qui
                                                                                       nous attend encore ! » C’est ainsi qu’un des
                                                                                       membres de l’association des anciens du Maârif
                                                                                       résume le sentiment général des Maârifi ens
                                                                                       qui durent plier bagage du jour au lendemain
                                                                                       et quitter leur quartier et leur pays sans se
                                                                                       retourner. Une cinquantaine d’années après le
                                                                                       drame du déchirement, les Maârifi ens gardent
                                                                                       encore vivaces dans leur cœur les souvenirs de
                                                                                       leur enfance au Maroc et en entretiennent la
                                                                                       fl amme. Deux sites Internet créés à cet effet par
                                                                                       la communauté sont la preuve de l’extraordinaire
                                                                                       vitalité du souvenir qui lie les Maârifi ens : le lien
                                                                                       du père Aubert Lucien et le Livre d’or du Maârif.




                                                                                              Novembre   2011    VH magazine   69
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