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CASABLANCA 1920 -1970 I I Maârif
NAISSANCE D’UN QUARTIER Convivial, le Maârif n’était pas pour autant un quartier
NAISSANCE D’UN QUARTIER
salubre. Construit sur un ravin au sol imperméable,
il est constamment inondé par les eaux de pluie de
l’hiver. Madame Gilavert se souvient que, lorsque
les Américains débarquent à Casablanca, c’est en
péniche qu’ils sillonnent le Maârif, proposant aux
enfants de monter faire un tour à bord de leurs
embarcations. L’ensemble de fermes entourées de
champs qui constituait initialement la commune du
Maârif n’ayant pas été incorporé au plan urbanistique,
le tracé de ces quartiers, basé sur un quadrillage
trop rigoureux, ne tolérait aucun espace public. Les
terrains ne comportaient pas de voirie. Les rues,
tracées en damier, n’avaient ni eau ni lumière. C’est
en 1933 que le Maârif est enfi n assaini. Les petites
maisons construites autour de patios révèlent les
origines ibériques et méditerranéennes des résidents
et l’ambiance générale du quartier est extrêmement
chaleureuse. De nombreux ateliers d’artisans
cohabitent avec les entrepôts, les cafés, les écoles,
les dispensaires… Les commerces sont regroupés
sur quelques rues. Les habitants ont un réel sentiment
d’appartenance : ils se sentent « Maârifi ens » avant
d’être Casablancais et créent même un journal
local. Madame Gilabert se souvient qu’à l’époque, la
jeunesse du Maârif était très solidaire : « Nous étions
très enthousiastes et très unis. Une nana du Maârif,
Vue aérienne du Maârif et du bd Jean Courtin (actuel bd Brahim Roudani). il ne fallait pas se moquer d’elle ! Les jeunes étaient
toujours là, comme des frères, à nous défendre ».
RELIGIEUSES
LES FÊTES RELIGIEUSES Eglise du Maârif.
LES FÊTES
L´église du Maârif est édifi ée entre 1917 et 1918 par les
Pères de la Mission franciscaine. Elle est bâtie par le père
Bonaventure Cordonnier. La population du quartier est à
90% catholique et beaucoup sont pratiquants. Les fêtes
religieuses sont célébrées en
grande pompe. Les feux de la
Saint-Jean (forte population
d´origine d’Alicante) et les
processions du 15 août Eglise du Sacré-Coeur.
pour Notre-Dame de Trapani
(population sicilienne) sont
des rituels incontournables.
Ils sont l’occasion de grandes
festivités dans les rues. Le soir,
place de l’église, rue du Jura,
avec des bougies allumées
à la main, des gens chantent
l’Ave Maria, tandis que dans
le ciel, des feux d’artifi ces LES LIEUX D’ENTRAIDE
Notre-Dame de Trapani.
illuminent tout le quartier.
Malgré l’entraide qui soudait le quartier, l’extrême misère régnait. « Avec la guerre, nous
avons vécu le rationnement. Le pain était de si mauvaise composition qu’il donnait de
Communiantes du Maârif. l’urticaire aux enfants », se souvient Madame Gilabert. La pauvreté de certains habitants
du quartier pousse des sociétés de bienfaisance et des ordres religieux à créer de
nombreux établissements scolaires et d’aides sociales (Goutte de Lait, hospices…).
Les écoles sont d´abord construites en bois. L’école des « Babalouches » (babouch :
escargot), derrière l´église, est remplacée par l´école du Maârif, rue Fabre d´Eglantine.
Elle est ensuite réinstallée sur le terrain de l´école d’origine. L´école Dominique Savio,
tenue par les Salésiens, est parrainée par Madame la Maréchale Lyautey.
68 VH magazine Novembre 2011

