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CASABLANCA 1920 -1970 I I  Corrida


                   Les Arènes de Casablanca.
























                  LA FURIA DES ARÈNES
                  LA FURIA DES ARÈNES                                                              Luis Miguel Dominguin aux Arènes.



                                                                                       NT
                 L'UN DES PLUS FORMIDABLES LIEUX DE SPECTACLE DE LA VILLE DE CASABLANCA, LES ARÈNES ONT
                                                                                        T
                                                                                        T
                 ABRITÉ LES PLUS GRANDS COMBATS DE TAUROMACHIE, AINSI QUE DES CONCERTS MÉMORABLES.  .
                 RETOUR SUR UN DES LIEUX MYTHIQUES DE LA VILLE.
                                                                                                  et de son associé Paul Barrière, l’un
                 Un samedi après-midi ensoleillé,                                                 et de son associé Paul Barrière, l’un
                 il y a soixante ans à Casablanca,                                                des lieux les plus courus et les plus
                 plaza del Torro, sur l’actuel boulevard                                          prestigieux pour tout matador qui se
                 d’Anfa, près de l’hôtel Palace d’Anfa.                                           respectait. C’est ainsi qu’elles ont vu
                 Aujourd’hui, c’est jour de corrida.                                              défiler les plus célèbres matadors

                 Quelque 10.00 hidalgos dans leur                                                 tels que Chicuelo II, El Turia, Luis
                 plus belle mise assistent, sur les                                               Miguel Dominguin, El Cordobès...
                 gradins des Arènes de Casablanca,                                                Dans les années 50 et jusqu’au
                 à un spectacle d’exception : le                                                  début des années 60, se rendre
                 combat contre un taureau du plus                                                 à la Corrida était devenu un rituel
                 fameux matador de tous les temps,                                                pour les Casablancais. Dans l’assis-
                 Luis Miguel Dominguin. La foule                                                  tance, il y avait autant d’afi cionados
                 applaudit à tout rompre chaque fois                                              à la mise européenne impeccable
                 que le torero évite de justesse les             Mme Nina Banon présente Demis Roussos aux Arènes.   qu’en habits traditionnels, gandoura
                 cornes rageuses de l’animal. Fidèle                                              et tarbouche sur la tête. Cette
                 à sa légende, cape rouge au vent,   combat de Luis Miguel, ce dernier,   monde ! », ajoute avec nostalgie   assistance cosmopolite, partageant
                 Luis Miguel, au bout d’une heure de   selon la coutume, devait offrir les   celle qui, quelque soixante ans avant   ensemble un moment de joie et de
                 duel sanglant, porte l’estocade fi nale   oreilles découpées du taureau à une   Mawazine, organisait déjà la venue   convivialité, avait pour réputation
                 au taureau en lui plantant une lame   personnalité dans l’assistance. Ce   des plus grandes stars au Maroc.   auprès des matadors d’être l’une
                 entre la base du crâne et le début   jour-là, c’est à elle que le matador   « S’il n’y avait pas eu les Arènes de   des plus exigeantes et des plus
                 de la colonne vertébrale, achevant   fit cette offrande. « Je n’en reviens   Casablanca, jamais nous n’aurions   connaisseuses en matière d’art de

                 ainsi la bête dans les règles de l’art.   toujours pas que ce soit moi que la   pu organiser de tels événements »,   la tauromachie. « L’ambiance était
                 La foule est en délire. « Luis Miguel   légende espagnole ait choisi pour   conclut Madame Banon. Les Arènes  toujours vivante, mais houleuse si la
                 a, ce jour-là, ébloui l’assistance »,   remettre les insignes de sa victoi-  abritèrent aussi un temps d’impres-  corrida était mauvaise », témoignera

                 se souvient Nina Banon, la légen-  re ! », nous confie-t-elle en se remé-  sionnantes courses de stock-car.   Solange Marmaneu, épouse de Don
                 daire organisatrice de concerts au   morant cette période enchantée.             Vincente et propriétaire du restaurant
                 Maroc qui allait par la suite, dans   « Peu après, j’ai convaincu la famille   MI CASA ES   la Corrida. Les combats tauroma-
                 ces mêmes Arènes, faire rêver des   Castella, propriétaire des Arènes,   TU CASA  chiques continueront aux Arènes
                 milliers de jeunes de l’époque en   de l’opportunité d’y organiser des           jusqu’au début des années 70 et
                 leur offrant les concerts de leurs   concerts de rock. » C’est ainsi que         ne prendront fin qu’avec le décès

                 idoles : Oum Kelthoum, les Platters,   pour la venue de Johnny Hallyday   Mais leur fonction première, celle de   de Don Vincente. Si les Arènes de
                 Ray Charles, Johnny Hallyday,   à Casablanca, en 1962, ce sont   scène de combats de tauromachie,   Casablanca ont fermé au début des
                 Jacques Brel, les Shadows, Eddy   15.000 personnes qui remplirent   restera longtemps gravée dans la   années 70, leur ambiance impré-
                 Mitchell, Petula Clark, les Golden   les gradins des Arènes. « Ce n’était   mémoire des Casablancais tant les   gnera longtemps les murs du restau-
                 Hands, etc. Pour l’heure, Madame   pas le théâtre municipal de l’époque   Arènes étaient devenues, sous l’im-  rant de Madame Solange devenu,
                 Banon se souvient qu’à la fi n du   qui aurait pu contenir autant de   pulsion de Don Vincente Marmareu   aujourd’hui, celui de sa fi lle Malika.


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