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Hajja Hamdaouia entouré par, entre autres, Ismil Ahmed et Fathallah Lamghari.
(Coll. F.Lamghari) Line Monty, la grande diva de la chanson judéo-
maghrébine, est connue pour ses morceaux d’anthologie,
dont « Ya Ommi », créé en 1950 par Youssef Hgege,
alias José de Suza, au cabaret le Boléro de Casablanca
et destiné initialement à Warda Eljazairia. Elle a inauguré
ET QUE LA FÊTE COMMENCE ! le casino de l’hôtel Saâdi de Marrakech en 1954 et fait,
ET QUE LA FÊTE COMMENCE !
depuis, en compagnie du grand pianiste Maurice Medioni,
Ce n’est que vers le coup de minuit D’une époustoufl ante énergie, fraîche, y chante « Dalili Ahtar » de fréquents séjours au Maroc.
que Salim apparaît. Descendant il enchaîne les morceaux d’Oum Kalsoum, Mohamed
de ses appartements privés, et s’aperçoit qu’un groupe Fouteh « Awmaloulou », Maati
habillé tantôt en matador andalou, d’Américains est de la fête. Que Belkacem « Alach ya ghza-
en prince oriental ou en dandy viennent-ils chercher au Coq li », sans oublier les « Ayuts »
européen, il est accueilli par des d’Or sinon l’univers du mythique de Bouchaib Bidaoui, Hajja
applaudissements, des cris, des Casablanca que Michael Cur- Hamdaouia et Latifa Amal. Salim
youyous et des vivats. Il fait le tour tiz a, en fait, réalisé dans les fait venir des artistes du Maghreb
des tables, souhaite la bienvenue à studios de Hollywood en et de France, tels Safi a Rochdi,
ses invités, trinque avec les uns et 1942 ? Dans cette ambiance Raoul Journo, Line Monty, Blond-
les autres, utilisant son verre gravé feutrée, ils cherchent Blond, Rainette l’Oranaise et
or, plaisante et chauffe la salle, ne désespérément Humphrey Lili Boniche. En plus de Tarab
cessant de leur lancer qu’ils sont Bogart et Ingrid Bergman. Charki, du chaâbi maghrébin et
« la dernière race ». Salim se lance dans un solo du judéo-arabe, le cabaret est
Tout ce que Casablanca compte à la derbouka, qu’il maîtrise l’un des temples du « Raks bala-
de gens importants, musulmans, comme personne au monde. di », de la danse dite orientale.
juifs, chrétiens et étrangers est C’est l’ouverture instrumentale Ses vedettes sont Mounira, la
là, au Coq d’Or. Les tables sont de « al ain zarga » adaptée au soeur de Salim, Fathia Khairi,
occupées par les Benjdia, les goût yankee, avec la traduction Fatima la blonde, Safi a Chamia,
Ohana, les Ayyadi, les Kakon, du refrain en anglais. Les Souad Ahmed, Fatima Bent El
les Belbachir, les Berdugo et Américains jubilent. La soirée, Anbar, sans oublier la petite et
autres Berrada. On y croise les telle un mariage marocain belle Ramla qui a fait tourner
Ben Barka, Mehdi et Abdelkader, traditionnel, continue. Salim la tête à plus d’un. En bête de
Mahjoub Ben Seddik, Tayeb présente son riche plateau scène, le maestro ne fi nit ses
Seddiki, Mehdi Bennouna, Ahmed constitué de permanents, soirées qu’aux aurores.
Benkirane…. d’invités d’honneurs et d’artistes Ce fut ainsi pendant des années,
Sur scène, Salim entonne clients qui n’hésitent pas à tous les jours sauf le vendredi,
« Ayli hiani, prendre le micro pour un tour jour de repos. Le Coq d’or a Auteur, compositeur et grand interprète, Samy Elmaghribi
a enchanté les nuits et les lieux de la cité blanche depuis
dar el bida diali » de chant. fl ambé au début des années 60
les années 1940. Le fondateur de la société de production
Comment se souvenir de tous et, avec lui, sa mémoire et celle et de distribution de disques Samyphone, actuel Jalal
(« Ayli hiani, les grands noms à l’affi che du de ses somptueuses fêtes des de la place Verdun, se produisait, entre autres, à l’hôtel
Casablanca m’appartient »). Coq ? Warda, toute jeune et Mille et une Nuits. Excelsior.
Novembre 2011 VH magazine 85

