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BOUJAMIÏ


                 LE ROSSIGNOL ENVOLÉ



                 H'Gour Boujamaâ, alias Boujamiî, l’un des piliers de Nass Elghiwane, s’est éteint le 26 octobre 1974. Il avait 30 ans.

                       ans un article, consacré
                       aux Rolling Stone de
                Dl’Afrique, comme les
                 appela Martin Scorsese, le
                 regretté Et-Tayeb Houdaifa
                 a croqué le personnage en
                 quelques lignes lapidaires :
                 « barde un tantinet anarchiste,
                 c’était un homme blessé
                 à jamais, dont les textes
                 dévoilaient un désespoir intime
                 qu’il s’évertuait à masquer sous
                 ses allures de saltimbanque
                 fraternel. »
                 A l’instar de plusieurs membres
                 du groupe Ghiwani, Boujamai
                 reste le fruit des carrières
                 centrales. Né dans la région
                 d'Aarib, près de Taroudant
                 en 1944, il grandit au Hy
                 Mohammedi, rue la Montoise.
                 Le père travaillait à l’usine
                 des cimenteries Lafarge,                                                                 Boujamaâ
                 « chabbou », et la maman,                                                                H'Gour
                 Lalla Khadija, le berçait en lui                                                         (1944-1974),
                 chantonnant, « ma hammouni                                                               « Ghuir
                 ghir r’jal il a daou ».                                                                  khoudouni,
                                                                                                          ghuir
                 Il poursuit ses études primaires
                                                                                                          khoudouni…
                 à l’école Al Ittihad Assinaii,
                                                                                                          jamais le
                 institution privée nationaliste,
                                                                                                          souvenir de
                 secondaires au collège Al                                                                Boujemaâ ne
                 Azhar jusqu'à l’obtention du                                                             nous quittera…
                 brevet. Pour venir en aide à                                                             jamais le
                 sa famille, il est embauché                                                              groupe Nass
                 dans une usine de fer. D’une                                                             el Ghiwane ne
                 conscience nationaliste précoce,                                                         dépérira. »
                 il s’engage dans le combat pour
                 l’indépendance et se passionne   film « Zeft », « Abderrahmane   sur le patrimoine, le regretté   voix aigue titillant les sens…

                 pour le foot et le théâtre. Laarbi   El Majdoub » et « Al Harraz »,   passait son temps à enregistrer   Une voix qui portait dans ses
                 Zaouli a failli l’engager au sein   diffusée par la télévision en   les troupes folklorique et à   vibrations les dunes de sable,
                 d’Al Ittihad al bidaoui comme   1968. Au cours d’une tournée   écrire poèmes, pièces de   la spontanéité de l’homme
                 demi gauche. Avec une bande   en France, Boujamii fait la   théâtre et autres récits intimes.   bleu, et le sentiment de liberté
                 de copains, il crée la troupe   connaissance de Mohamed   Au dernier concert auquel il   incomparable que procure la
                 Rouad Al Khachaba en 1963   Boudia, militant nationaliste   participa avec la troupe, à Ksar   transhumance…Il rêvait d’un
                 et lui écrit les pièces « Al   algérien et proche du FLP   Kebir, il entonnait sa dernière   foyer accueillant, et d’amour…
                 Masmar », « Palestine » et   palestinien de Georges   chanson prémonitoire, « Ghir   Deux mots étaient une
                 « al haja kanz ».        Habach, qui dirigeait un théâtre   khoudouni, ghir khoudouni ».  constante dans son discours :
                 En 1967, Hamid Zoughi l’intègre   parisien. C’est certainement   Ses amis lui composent   l’mhabba et l’khir…   On les

                 à la troupe de Tayeb Seddiki,   sous l’influence de ce dernier,   Annadi Ana, "hier mon frère   retrouve dans tout ce qu’il
                 directeur du défunt théâtre   assassiné plus tard par le   a péri et la nouvelle est   écrit. ». Térrassé par un ulcère
                 municipal de Casablanca.   Mossad en plein Paris, que   arrivée aujourd'hui".  Dans   perforé, Boujamii îest découvert
                 Boujamii joue alors dans « Sidi   Boujamii commit une série de   sa biographie Arrahil, Laarbi   sans vie au local du groupe, le
                 yassine f’trik », transformée en   textes « engagés ». Travaillant   Batma évoque « sa belle   sourire aux lèvres.


                                                                                           Juillet   2014    VH magazine   4
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