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Raja Belmlih

                 LE RUISSEAU QUI CESSA DE COULER


                                                                                              soulèvement des enfants
                                                                                              palestiniens, interdite de radio
                                                                                              et de télévision par le ministre
                                                                                              de l’intérieur de l’époque,
                                                                                              Driss Basri. Toutes les trois
                                                                                              sont écrites par Abderrafi aa
                                                                                             Jawahiri et composées par
                                                                                              Hassan kadmiri. Plus que des
                                                                                              chansons, un concept et un
                                                                                              projet se voulant rénovateur et
                                                                                              original par rapport au thème
                                                                                              de l’amour, qui dominait alors
                                                                                              sur la scène arabe.
                                                                                              En 1993, Raja s’envole pour
                                                                                              le Caire à la recherche d’un
                                                                                              public plus large. Et les
                                                                                              albums se succédèrent avec
                                                                                              des compositeurs de renoms
                                                                                              tels Hilmi Bakr, Jamal Salama,
                                                                                              et Salah Charnoubi. Qui n’a
                                                                                              pas fredonné « sabri aalik tal »,
                                                                                             « ya ghaib », « Iaatiraf » ?
                                                                                              Artiste exigeante, elle s’engage
                                                                                              et lie son image aux causes
                                                                                              sociales. En 1999 elle est
                                                                                              nommée ambassadrice de
                                                                                              l’UNICEF. Atteinte d’une
                                                                                              tumeur, un cancer de sein
                                                                                              détecté tardivement en 2003,
                                                                                              Raja passa des années à la
                                                                                              recherche du remède miracle.
                                                                                              Elle revient à son public
                                                                                              avec « Chaouk al ouyoun » et
                                                                                              participe à des émissions télé,
                                                                                              aux galas caritatifs, ainsi qu’à
                   Ambassadrice de charme                                                     la prime de la première édition
                   de la chanson marocaine,                                                   de studio 2M dont elle était
                   Raja Belmlih nous a quittés                                                marraine. Elle ne put assister
                   en 2007. Elle avait 45 ans.                                                à la finale où elle devait

                                                                                              interpréter des chansons
                                                                                              marocaines avec des nouveaux
                      u cours de l’édition 1979   la mémoire des mélomanes   années au conservatoire. Le   arrangements.
                      d’ «Adwaa al madina »,   qui lui prédisaient une place de   publique la découvre avec «    Raja Belmlih avait plein
                Ales lumières de la ville,   choix sur l’échiquier artistique.   ya jara wadina », paroles de   de projets artistiques et
                 concours qu’organisait la radio   Elle avait 17 ans.  M’hamed Hay et composition   cinématographiques mais le
                 nationale avec la complicité   Née a Ain Chok, quartier nord   de Hassan kadmiri. La   mal fut plus fort. Hospitalisée à
                 du producteur Hamid Alaoui et   de Casablanca, en 1962, la   chanson de l’année 1986   l’hôpital Cheikh Zaid de Rabat,
                 dont le but était la recherche   collégienne réunissait ses   sort dans son 1er album qui   elle s’éteint entourée de sa
                 des nouveaux talents, Raja   amies et leur interprétait,   en porte le nom. Album qui   petite famille. Des funérailles

                 Belmlih décroche le premier   au cour de la récréation,   contient d’autres refrains   officielles lui sont organisées.
                 prix sous le nez de plus   des morceaux de musique   à la thématique engagée,   Enterrée au cimetière
                 de 1500 concurrents. Son   classique arabe. Elle   « Madinat al aachikin », sur   Chouhada le 2 septembre 2007
                 interprétation, avec grâce et   poursuivra des études de   la paix, « Oughanni laha »,   à Casablanca, les refrains de
                 maestria, de « Wahakkika anta   lettres arabes modernes   sur la liberté, et « Atfal al   « la voisine du ruisseau » sont
                 al mouna » de la diva Oum   jusqu’à l’obtention d’un   hijara », anticolonialiste et   toujours fredonnés avec plaisir
                 Kaltoum, restera gravée dans   DEA et passa quelques   première chanson sur le   et nostalgie.


                                                                                           Juillet   2014    VH magazine
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