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Bouchaib El Bidaoui
LE MAÎTRE DU MERSAOUI
oubir Bouchaib El les soirées de Laârjounia, Lahrizi et Boujamâa au cours
Bidaoui est né à Derb connue pour sa maîtrise du de l’émission radiophonique
ZDalia, dans l’ancienne Mersaoui et du Hasbaoui et hebdomadaire « Idhak Maai »,
médina, en 1929. Issu pour sa beauté fatale, et de ne fait qu’accroître sa notoriété.
d’une famille modeste en sa consœur Hajja Rouida, Les enregistrements ne tardent
provenance des environs de la dont l’un des premiers pas à venir. Les 45 tours du
ville, il fait partie des enfants enregistrements remonte maître se vendent comme des
inscrits dans l’une des à 1934 chez Baïdaphone. petits pains et le public citadin
premières écoles modernes Maîtrisant la Târija, il finit par fredonne les « Rkoub lkhail »,
de Bousbir Lakdim. En 1948, faire partie de la troupe de « Ma chtou lghzal »,
il décroche un certifi cat cette dernière, en compagnie « Kharboucha mannana »,
de comptabilité, ce qui lui de Khaddouj Bent Loukid, « Lhaddaouiyat »,
permet d’être embauché par Zohra Tchikito et Bent « Rjana f’laali »…
un avocat français proche du Lakhila. Bouchaib, devenu Des textes polysémiques où
mouvement nationaliste. un nom incontournable de il introduit des vers allusifs
Bien qu’il écoute les la scène, lance sa propre à l’Occupation, avant de
Figure incontournable de
chansons de l’époque, sa troupe avec Mohamed composer son fameux
la chanson pop marocaine,
vraie rencontre avec « Al Ayta Kibou, alias le Maréchal… « Khoutna ya l’islam », chant
Bouchaib El Bidaoui nous » remonte au moment où il du violon, Bouchaib Ould patriotique en hommage
quitte le 25 mai 1965. travaillait dans un pressing. Zliga, virtuosedu luth, et à la résistance d’« Oulidat
Il avait 35 ans. En s’occupant des Caftans et Milouda Bent Dernounia. Le Chaouia ». Celui qui a illuminé
Jellabas des Benjdia, il fait la groupe entame un grand les nuits du Coq d’Or, les
connaissance du patriarche, travail de revalorisation scènes des cinémas Médina,
qui l’invite aux grandes fêtes du répertoire Mersaoui en Verdun, Al Kawakib… l’espace
organisées par la famille, ressuscitant les anciennes des Arènes et le théâtre
où sont conviés les grands Ayta, dépoussiérées et mises municipal, une première pour
Cheikhs et Chikhates de au goût du jour. une troupe populaire, est
l’époque. Epris des rythmes Sa collaboration avec le décédé à l’hôpital Avicenne
et des chants de ce blues dramaturge Bachir Laalej, de Rabat dans le dénuement,
des plaines atlantiques, il ne jouant les rôles féminins en l’oubli, l’anonymat total et
raterait pour rien au monde compagnie de Kadmiri, Souiri, l’ingratitude générale !
Juillet 2014 VH magazine