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VOLLEY, CABARETS ET CORSOS FLEURIS
On pêchait les crabes, les petites VOLLEY, CABARETS ET CORSOS FLEURIS
poulpes, les coquillages : nous
les mettions dans des boîtes A partir des années 1950, de l’équipe de Tahiti, du Lido ou de immenses champions n’hésitaient
de confi ture ou d’Idou remplies Casablanca est un lieu hédoniste, Miami. Je me souviens que quand pas à mettre la main à la pâte de
d’eau de mer. A la maison, on les où on n’aime rien tant que c’était le tour du Sun-Beach, on notre formation en nous faisant
faisait bouillir et on ajoutait des manger, danser et s’amuser. Sur la fi nissait la partie et on avait tout jouer avec eux. »
pommes de terre. » D’autres se Corniche fl eurissent les restaurants juste le droit d’y rester quelques Dans les années 1960 seront
rendent sur les plages publiques de poissons et les dancings instants et tout juste le droit de se lancés à Tahiti les concours de Miss
comme la plage Bandol, Anfa fl eurissent. Parmi les restaurants baigner. » « Le Kon-Tiki était le siège et de Monsieur Muscle et autres.
Plage, les Sables d’Or ou, plus les plus en vue, le Sijilmassa. de la section volley de la Jeunesse « On mettait des cagoules sur la
tard, « Pepsi Cola ». « Ma mère « Il appartenait à M. Benjelloun, Aïn-Diab conduite par la passion tête des candidates au concours
prenait sa couture ou son tricot, se souvient Mohamed Tangi, la du père Fuentes fi n 60-début 70, , de Miss Jambes, pour ne pas
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elle était assise à l’ombre au mémoire vivante de Casablanca.
café près de la sortie, elle nous Il présidait l’association des
apportait des fruits, des chips propriétaires de cafés-restaurants
et des sandwiches de thon, sur la côte. Il organisait beaucoup
œufs et olives et du Crush. Il d’animations, dont des défi lés de
fallait respecter les trois heures corsos fl euris et de majorettes et
de digestion ! Quel mythe ! l’élection des Miss la Corniche. Un
», se souvient une internaute, jour, je tombe sur une photo de
Elisabeth. Miss la Corniche. Qui c’est ? La
Ces plages publiques sont fi lle de Benjelloun ! » Au fi l des ans, ,
d’autant plus bondées que, dès le des boîtes de nuit, bars, cabarets
milieu des années 1960, l’espace et restaurants ouvrent le long de
est devenu rare, la Corniche la Corniche : la Notte, l’Abreuvoir,
étant entièrement occupée par
des plages privées, depuis le Concours de Miss Tahiti en 1968.
Lido jusqu’au Kon-Tiki. En 1952,
c’est Tahiti qui avait ouvert ses
portes, en réaction aux plages
élitistes et sportives existantes.
« Son style polynésien, ponctué
d’accents africains est dû à la
passion d’André Suire, premier
concessionnaire du site, pour
les îles du Pacifi que, qu’il avait
longtemps hantées », raconte
Monique Eleb et Jean-Louis
Cohen. Cases de palmes, totems
véritables, toiles azur, noires et
ocres, la piscine est si belle et si
spectaculaire qu’elle sera copiée Match de volley-ball au Kon Tiki.
à Saint-Tropez ! « Quelques
années plus tard, l’une des qu’on voit leur visage, se souvient
cases, le Tonga, abritera sous Joseph Oiknine, ancien habitant
ses palmes un rutilant juxe-box de la médina. Pour vérifi er qu’elles
Wurlitzer, permettant de danser, n’avaient pas les jambes arquées,
dans la pénombre de l’après- on leur mettait une pièce entre les
midi, sur des airs d’Elvis Presley cuisses. Quand la gagnante était
et de Little Richard », racontent, élue, on lui enlevait la cagoule. Il
nostalgiques, les deux auteurs. arrivait que tout le public se mette
Au début des années 1960, à la huer parce que le visage n’était
Paul Anselin, l’associé d’Antoine pas à la hauteur des jambes. Les
Suire, construit dix bungalows La piscine Acapulco dans les années 70. pauvres ! Quand mille personnes
qui obtiennent un grand succès siffl aient en même temps, c’était
auprès de la bourgeoisie le Zoom-Zoom, Le Balcon 33, le l se souvient un autre. C’étaient des quelque chose… »
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européenne et juive marocai- Calypso, le Scotch Club, le Rayon matchs en 2-2 où les perdants C’est ainsi qu’est née la Corniche,
ne : la mode des bungalows est Vert, le Wichita, le Tangage, le payaient un Coca par point de « dans un projet collectif typique de
lancée. Sur la côté, les piscines Tube… différence. Estève (ancien capitaine Casablanca », écrivent Monique Eleb
privées fl eurissent : Tropicana, On lance les concours inter- de l’équipe de France) et El Allam et Jean-Louis Cohen, qui associe
Kon-Tiki, Acapulco, Palm plages, de volley-ball notamment. (ancien capitaine du Real Madrid) « des ingénieurs des travaux publics,
Beach et Eden Roc, dont on « J’ai participé à tous ces tournois rivalisaient de puissance au smash des entrepreneurs visionnaires et
dit que la nuit, elle se peuple de de 1960 à 1966, raconte un en visant la fenêtre du restaurant surtout un public friand de sports, de
fantômes. internaute. Je faisais tantôt partie la Réserve... après rebond ! Ces jeux et de fêtes ».
Novembre 2011 VH magazine 103