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CASABLANCA 1920 -1970 I I  Bistros


                                       UN MONDE INTERLOPE
                                       UN MONDE INTERLOPE



                     LES BARS, CABARETS ET BORDELS ONT TOUJOURS ÉTÉ, DE PAR LE MONDE, DES NIDS D’ESPIONS, DE TRUANDS, FLICS, INDICS, VOYOUS ET
                  RIPOUX. UN MONDE INTERLOPE OÙ LA CANAILLE ET LES PARRAINS CÔTOIENT LES HOMMES POLITIQUES ET LES ARTISTES. A PIGALLE, TINO ROSSI
                          NE FUT-IL PAS LE COMPAGNON DE ROUTE DES NAZIS ? ET À CHICAGO, FRANK SINATRA NE FRÉQUENTAIT-IL PAS AL CAPONE ?

                  Les Français, en installant les   coups fourrés : l’assassinat des   Mohammedia était versée au Cab1.   à la fermeture. Elle était en train
                  répliques d’établissements   nationalistes Omar Slaoui, Ahmed   La fameuse cuve dans laquelle est   de faire la caisse. Il commanda un
                  parisiens et marseillais au Maroc,   Diouri, Tahar Sebti et du défenseur   censé avoir été dissous le corps de   whisky et un disque, une chanson
                  nous amenèrent leurs rites, us et   de la cause de l’indépendance du   Mehdi Ben Barka n’émanait-elle   française. En quittant Le Cambuse,
                  coutumes. Dans les bistrots de   Maroc, Jacques Lemaigre Dubreuil.   pas du bordel de luxe ? Les quatre   il l’invita au Tangage, boîte réputée
                  Tanger et de Casa, les services   Des exécutions dignes des fi lms   truands français impliqués dans son   que tenait Haïm Amar. Ils passèrent
                                                                        assassinat, Georges Boucheseiche,   la nuit à danser et au petit matin ils
                                                                        Jean Palisse, Pierre Dubail et Julien   s’envolèrent, dans un avion privé,
                                                                        Le Ny, ne furent-ils pas les gérants   en direction d’une oasis au Sahara
                                                                        de quatre maisons closes : le Bel   où ils passèrent quelques jours à
                                                                        Air et La Route de Casa à Rabat, Le   savourer les méchouis, les danses
                                                                        Sphinx à Mohammedia et Le Grand   folkloriques et le paysage paisible





























                                                                        Hôtel à Casablanca ?      des dunes…
                                                                        Outre les hommes, des femmes   Ces connivences entre la police et
                                                                        de « notoriété » ont aussi travaillé   les tenanciers de débits de boissons
                                                                        avec les services.  Germaine   - les autorisations d’ouverture de
                                                                        Germain, que Mistinguett surnomma   débits de boissons sont délivrées
                                                                        « Manouche », eut un destin hors   par la Sûreté nationale - sont
                                                                        du commun. Reine de la nuit, des   mises à plat avec l’affaire inouïe du
                  américains, français, anglais et   noirs que nous décrit Antoine   bars à hôtesses et autres maisons   commissaire principal Haj Tabet.
                  israéliens s’épiaient. Le SDECE   Meléro dans La Main rouge, l’armée   closes, couverte de bijoux par les   Accusé de viol par pas moins de
                  considérait le pays comme une   secrète de la République.  gangsters et les lords, elle côtoya   518 victimes qu’il filmait à leur insu,

                  base arrière stratégique au cas   Avec l’indépendance du pays et   les grands artistes, dont Maurice   il fut condamné à la peine capitale
                  où la France entrerait en guerre.   surtout l’arrivée du Cab1 et de ses   Chevalier, l’un de ses innombrables   et exécuté en 1993. Le patron,
                  La CIA le voyait comme une   chefs, Oufkir et Dlimi, ces lieux   amants. Au Maroc, elle avait ouvert   qui faisait la pluie et le beau temps
                  porte sur le continent africain et le   devinrent des sortes de succursales   un premier restaurant à Tanger où   à Aïn Sebaa, couvrait l’un de ses
                  Mossad s’acharna à vider le pays   des services. Les gérants, les   elle recevait, entre autres, Mehdi   protégés, le fameux « Boulanger ».
                  de sa communauté juive. A Casa,   garçons et les putes sont mobilisés   Ben Barka, suivi par le Cambuse   Ce dernier tenait quantité de bars
                  La Brasserie de la Gironde fut le   pour soutirer les informations à la   sur la Corniche casablancaise. Dans   dans les quartiers Belvédère,
                  quartier général de la Main Rouge,   clientèle. Un verre de trop, une partie   ses fabuleux souvenirs, que Roger   Roches Noires et Aïn Sebaâ, se


                  le bras armé officieux du SDECE.   de jambes en l’air et les langues se   Peyrefitte a recueillis, elle évoque   permettant même le luxe d’avoir
                  Tenue par François Avival, ancien   délient. Ce fut aussi le temps des   même une coucherie avec Winston   un dépôt d’alcools, vins et bières
                  boxeur et agent du SDECE, c’est   caisses noires.  Ne raconte-on pas   Churchill, peut-être à la Mamounia ?   fraîches ouvert 24/24 à deux pas
                  là que ses agents préparaient leurs   que 50% de la recette du Sphinx de   Un soir, Dlimi débarqua chez elle   des Abattoirs !


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